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lundi 7 juillet 2014

A propos du dé à coudre.

A propos du dé à coudre.


La fête célébrée par les Hollandais en mémoire de l'invention du dé à coudre a pris sans doute sa source dans une légende ou dans une anecdote.
Un archéologue pourrait peut être reconstituer l'histoire du dé à coudre à travers les âges? Mais sans recourir à l'archéologie, je me fais fort pour ma part d'établir l'ancienneté du dé à coups de dictionnaires tout bonnement.
Laissant de côté le sanscrit et l'hébreu (pour mille raisons dont une me suffirait), je m'arme d'abord du lexique de Courtaud-Diverneresse. En regard du mot dé je trouve l'équivalent η δαξτληΘρα qui est, paraît-il, dans Xénophon.
Puis, sans insister sur le rôle du dé à coudre dans la civilisation et dans la littérature grecque, je quitte Athènes pour Rome. Ici je suis en présence de l'étymologie de notre mot français dé. (Il ne s'agit pas bien entendu du dé à jouer qui vient de dare, jeter, darum). Dé (à coudre) vient évidemment de digitale ou digital, qui signifie doigtier. Ce mot digitale est employé notamment par Varron: Olea quæ digitis nudis legitur, melior, quam illa quæ cum digitalibus (de Re rustica, t. I, 55). Je conviens qu'il n'est pas question de couture là-dedans. Mais les Romaines qui mettaient un doigtier pour ne pas tacher leur phalangettes de jus d'olives, ne devaient-elle pas à plus forte raison employer un instrument analogue pour ne pas se labourer l'épiderme du doigt à coups d'aiguille? L'argument d'analogie n'est-il pas frappant?
Nous avons encore mieux, sans même remonter aux sources, dans le dictionnaire de Bachelet et Dezobry: "les musées importants possèdent des dés à coudre antiques, semblables à ceux dont on se sert aujourd'hui et trouvés à Herculanum: seulement, ils sont ouverts par le bout." Je ne vérifie pas; Bachelet m'inspire toute confiance.
Donc digitale est l'ancêtre de dé. Mais il y a bien des formes intermédiaires. C'est Littré cette fois qui me fournit mon érudition de seconde main.
Au XIVe siècle Littré a trouvé dans un lexique: Theca, gallice, deis et deaul, id quod mulier habet in digito (Du Cange), et: deel à mettre ou doi pour queudre (id.)...
L'ancienne forme française deel se contracta en del qui se confondit, par assimilation, avec  à jouer, dont j'ai indiqué plus haut l'étymologie toute différente.

                                                                                                               Montavril.

Musée des Familles, Lectures du soir, 2ème semestre 1885.

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