Erreurs et préjugés.
Si les serpents tètent les vaches et les brebis.
Si les serpents tètent les vaches et les brebis.
Chateaubriand a écrit, en parlant du serpent: "Et sous la fougère de la crèche la brebis lui abandonne son lait." Ceci est-il vrai? nous demande un de nos lecteurs. L'un de nos collaborateurs répond:
-Des habitants de la campagne m'ont souvent dit qu'ils avaient vu des serpents attachés aux jambes des vaches et des chèvres, et tétant leurs mamelles. Suivant eux, ces pauvres nourrices s'y prêtaient avec complaisance, mais perdaient leur lait quelques jours après.
On a lu, il y a quelques années, dans divers journaux, qu'un laitier des environs de Paris, dont les vaches ne donnaient plus de lait, avait surpris deux vipères qui venaient les téter.
La vérité est que les serpents n'ont jamais tété ni vaches, ni chèvres, ni brebis. Il suffit pour le prouver de considérer que l'opération de téter exige des conditions auxquelles ne satisfait pas la bouche des serpents.
"Dans cette action, dit M. Béraud, la bouche représente assez bien une pompe aspirante dont l'ouverture est formée par les lèvres, le corps par les joues et ce voile mobile qui ferme la bouche en arrière, et qu'on nomme voile du palais; enfin la langue représente le piston. Veut-on la mettre en jeu, on applique exactement les lèvres autour du corps dont on veut extraire un liquide, la langue elle-même s'y adapte; mais bientôt elle se contracte, diminue de volume, se porte en arrière, et le vide se produit entre sa face supérieure et le palais. Alors le liquide contenu dans le corps que l'on suce se déplace et la bouche se remplit."
Examinons maintenant la bouche des serpents: ils n'ont pas de lèvres charnues ni de joues; leur bouche communique directement avec les narines; ils n'ont pas de voile du palais; leur langue est un cylindre étroit dont le rôle ne peut être analogue à celui de la langue des animaux qui tètent. Les serpents ne pourraient donc pas faire un vide complet dans leur bouche quand un pis ou un mamelon y aurait été introduit. remarquons de plus que leurs dents sont allongées, recourbées, aiguës, dirigées en arrière, et que, dans la supposition de téter, elles se fixeraient au pis des vaches ou des autres ruminants, de sorte que le serpent ne pourrait s'en détacher et que les efforts ne feraient que l'engager davantage.
Magasin Pittoresque, 1866.
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