M. Rouvier, comme tous les nouveaux ministres, reçut, les premiers jours de son ministère, quantité de lettres de demandes d'emploi; parmi elles, il en distingua une.
Elle était en vers !
Voici la requète du solliciteur du ministre des Finances:
Dépourvu de talents, peut être de vertus,
J'ose pourtant vous rendre hommage
Et vous prier, en sublime langage,
De me conduire au temple de Plutus,
Ou, pour parler sans métaphore
Dans un emploi de vouloir m'installer.
Je ne sais rien qu'écrire et calculer;
L'art de rimer est un art que j'ignore.
Je n'ai ni rang, ni bien, ni talents...ni bureau,
Et, je ne suis pas beau. (!?)
M. Rouvier lui renvoya sa lettre; il avait écrit en exergue:
Cela s'appelle, en bonne prose,
Etre un zéro. Mais un zéro
Quand il est bien placé, peut valoir quelque chose
Passez donc me voir au plus tôt.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 15 février 1903.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire