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jeudi 5 septembre 2013

Agresseur.

Agresseur.

Il est des agresseurs de la vie, de la fortune, de la pudeur et de l'honneur.
Est-il permis de tuer un injuste agresseur pour conserver sa vie ? Assurément, pourvu qu'on ne dépasse pas les bornes d'une juste défense: l'article du code pénal déclare le meurtre et les blessures excusables s'ils ont été provoqués par des coups ou violences graves envers les personnes. En conscience, il est permis de tuer un injuste agresseur;
1° quand celui qui est attaqué n'a pas d'autres moyens de se défendre.
2° quand l'agresseur a, sinon commencé d'attaquer, du moins de se mettre en état de le faire; par exemple, s'il met la main à l'épée, s'il arme son pistolet.
Tuer un agresseur avant ou après l'agression, c'est un véritable meurtre; de même s'il fuyait ou qu'il fût blessé et hors d'état de nuire.
Dans les mêmes circonstances, il est permis de tuer celui qui attaque notre prochain; mais est-on obligé de la faire ? Non, à moins qu'il ne s'agisse de la défense d'un père, d'un frère, d'une épouse ou d'une personne éminemment utile au bien public.
Peut-on tuer un voleur quand on ne peut conserver ses biens qu'en le tuant ?
Réponse: On ne le peut pas.
1° s'il s'agit de la conservation d'un bien de peu d'importance.
2° si la chose de quelque prix qu'elle soit peut être conservée ou recouvrée autrement qu'en tuant le voleur, par exemple, en criant, en frappant, alors même il ne serait pas permis de mutiler un voleur: saint Liguori, contrairement à Antoine, Collet, Billuart, pense qu'on peut le tuer quand on ne peut pas conserver autrement sa fortune ou un bien d'une grande valeur. Il regarde ce sentiment comme très probable. Messeigneurs Bouvier, Gousset sont de cet avis. Selon eux, on peut même tenter de reprendre la chose volée, de se la faire rendre, au risque de tuer l'injuste détenteur; car, s'il oppose de la résistance, il devient agresseur. Mais ce serait un crime de tuer celui qui même injustement nous empêcherait d'obtenir une succession, un établissement ou quelque autre avantage.
Il n'est pas permis de tuer ni même de mutiler gravement celui qui attente à la pudeur, lorsqu'on peut le repousser par d'autres moyens, par des coups ou par des cris. Mais si on ne pouvait le repousser, il serait permis de le tuer: c'est le sentiment de saint Antonin, de saint Liguori et celui qui est le plus commun. Bien sur, une personne doit exposer, sacrifier sa propre vie, si elle craint avec raison de consentir au péché.
Il est certain qu'il n'est permis, pour quelque mépris, quelque injure que ce soit, de tuer quelqu'un, parce qu'il a dit par exemple à un personnage honorable: vous mentez. L'injure peut être réparée ou repoussée différemment; de plus elle n'a aucune proportion avec la vie de l'agresseur: et il n'est permis à personne de se venger soi-même; pour cette raison, il est défendu de rendre injure pour injure, calomnie pour calomnie, soufflet pour soufflet.
Si l'agresseur avait tenté de donner un soufflet, un coup de canne à un homme éminemment distingué et qu'on ne pût le repousser qu'en le tuant, serait-il permis de le tuer ou devrait-on prendre la fuite ? S'il n'est pas honteux de fuir, assurément on devrait fuir. Mais si cette fuite ne pouvait se faire sans encourir beaucoup de honte, il paraît à saint Liguori qu'il serait permis de tuer l'agresseur. D'autres, en plus grand nombre, ne sont pas de cet avis.Il pourrait se faire que la bonne foi excusât de péché celui qui tuerait ainsi son agresseur.


Dictionnaire des Cas de Conscience, 1847.

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