C'est en 1895 que, grâce aux frères Lumière, les pellicules cinématographiques ont commencé de se fabriquer industriellement, quoique encore timidement. Depuis lors, elle se sont étrangement perfectionnées; leur prix de préparation et de vente s'est abaissé dans des proportions invraisemblables, et, de toutes parts, on a vu se créer des salles où l'on donne des représentations cinématographiques.
Ceux qui avait dépensé tant d'ingéniosité et aussi tant d'argent pour faire prendre cette distraction nouvelle, n'ont pas ménagé leur peine pour que le succès paye leurs efforts. Et le fait est qu'à l'heure actuelle, la consommation quotidienne des pellicules de cinématographe atteint dans le monde à peu près 300.000 mètres; bien entendu, il s'agit souvent de pellicules reproduisant les mêmes scènes, mais le chiffre n'en est pas moins caractéristique, et il correspond à quelque chose comme 108.000.000 mètres par an. Des spécialistes comme M. Gaumont ont perfectionné les appareils, les ont combiné avec des phonographes, ont monté des salles spéciales dans lesquelles se jouent de véritables pièces destinées à l'enregistrement par le cinématographe; nous avons donné antérieurement quelques détails sur ces salles.
Or, à supposer, ce qui est vraisemblable, que le mètre de pellicule revienne à environ 60 centimes, on se trouve en présence d'une dépense de plus de 70.000.000 francs pour ces 108.000.000 mètres de pellicule. Bien entendu, sur le marché, les pellicules bonnes à être employées, telles qu'elles se vendent au détail, coûtent beaucoup plus cher que ce prix de 60 centimes dont nous venons de parler, 75 centimes étant un prix très modeste. On voit par là de quelle importance est cette industrie du cinématographe, dont les centres principaux sont la France, l'Allemagne et les Etats-Unis.
Le Journal de la Jeunesse, premier trimestre 1913.
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