L'usage des fourchettes, si répandu aujourd'hui, est relativement moderne, et ne remonte pas au delà du règne d'Henry III; celles en or ou en argent qui sont quelquefois, mais très rarement, mentionnées dans les inventaires antérieurs à cette époque, ne servaient qu'exceptionnellement et seulement pour manger des fruits. Le cardinal Pierre Damien, qui écrivait au onzième siècle, et dont les oeuvres ont été publiées en France au dix-septième siècle, cite comme une chose scandaleuse la façon dont mangeait la princesse Marie, nièce de l'empereur Basile et femme de Jean Orseolo, qui "poussait le mépris des usages occidentaux, jusqu'à refuser de se servir de ses doigts pour manger, recourant pour cet office à des fourchettes d'or à deux dents que lui présentaient ses esclaves."
Les premières fourchettes ne ressemblaient pas à celles dont nous nous servons aujourd'hui; elles n'avaient que deux dents droites, longues et acérées; cette forme peu commode subsista pendant très longtemps dans plusieurs pays, puisque le comte de Forges dans son ouvrage intitulé: Des véritables intérets de la patrie, publié en 1764, dit, en parlant des moeurs allemandes: "Si nous considérons maintenant la manière de manger, que de sujets de censure ! Ici, ce sont des fourchettes à deux pointes, plus propres à percer la langue qu'à porter des mets à la bouche; là c'est un roti qu'on fait calciner et qu'on laisse tremper dans l'eau fraiche avant de le présenter au feu."
La fourchette hollandaise que représente notre gravure est également à deux pointes, mais elle offre cette particularité remarquable, que le manche, en os gravé, est creux et renferme dans ses flancs une douzaine d'autres fourchettes minuscules en tout semblables à elle; une plaque mobile, située à l'extrémité du manche et retenue par un écrou, sert à fermer l'orifice par où s'échappent ces petits instruments. La fourchette mère mesure 290 millimètres de hauteur totale, et les petits 105.
On ne sait s'il faut voir là une simple fantaisie d'un ouvier habile, ou, comme l'on pensé plusieurs personnes, la fourchette d'une corporation de tonneliers.
Magasin Pittoresque, 1879.
On ne sait s'il faut voir là une simple fantaisie d'un ouvier habile, ou, comme l'on pensé plusieurs personnes, la fourchette d'une corporation de tonneliers.
Magasin Pittoresque, 1879.
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