Le nommé Mille, ouvrier menuisier, un soir où il avait le cerveau un peu troublé à la suite d'un copieux diner, rencontra deux anciens amis. Ceux-ci offrirent à Mille de venir passer le reste de la soirée dans un lieu où il jouirait du spectacle le plus curieux.
Mille ayant accepté, ils se dirigèrent tous trois vers l'impasse Saint-Marcel; ils traversèrent une cour sombre, un long couloir voûté, et entrèrent dans une salle basse, enfumée, éclairée par une lampe sépulcrale, et où se trouvaient des personnages aux figures hideuses, fantastiques, vêtus de haillons en forme de linceuls.
Rangés autour d'une table contenant un liquide bleuâtre, ces individue péroraient tour à tour, et montraient des inscriptions menaçantes, terribles, tracées sur la muraille.
Ayant entendu parler de francs-juges, de carbonari, le malheureux ouvrier crut qu'on allait lui faire jurer sur des poignards d'accomplir quelque exécution politique. La demi-ivresse où il était grossissant les objets, redoublant sa terreur, sa tête s'égara.
Il parvint à sortir de cette enceinte, mais il était fou.
Après trois mois de traitement dans une maison d'aliénés, son mal céda.
Ayant repris toute sa lucidité d'idée, et se souvenant de ce qui avait causé sa démence, il crut devoir avertir l'autorité de ce qui se passait. Donc, il conduisit un sergent de ville, au même jour de la semaine ou il avait pénétré lui-même, dans cette maison de l'impasse Saint-Marcel, où se tramaient de si affreux complots.
Mais ils ne trouvèrent plus là qu'une réunion de chiffonniers, assemblée pacifique, malgré son terrible aspect et son clair-obscur à la Rembrandt.
Voici un autre événement, qui ressemble aussi à un cauchemar, quoiqu'il soit parfaitement vrai.
Sur un chemin de fer de Georgie, le même wagon renfermait une jeune fille, nommée Nelly, et deux jeunes hommes, Marc et Osmand, qui prétendaient tous les deux à sa main. Le premier sujet futile amena une contestation entre les rivaux. Un marchand de la ville d'Augusta, qui se trouvait là, les engagea à se battre de suite pour vider leur querelle. Ils refusèrent. Mais, à ce propos, une vive discussion s'éleva entre les voyageurs sur la thèse du duel. Deux d'entre eux, qui n'étaient pas d'accord sur un point, descendirent à la première station, se battirent, et l'un d'eux resta mort sur la place.
Le convoi se remit en marche. L'incident précédent avait échauffé les têtes, le marchand d'Augusta répéta à Marc et Osmand qu'ils étaient des lâches de ne pas en venir aux armes, et qu'il le ferait bien savoir si l'un deux voulait se mesurer avec lui. Osmand, poussé à bout, accepta. A la station suivante, le marchand et lui firent feu l'un sur l'autre; Osmand tomba mort.
Le duelliste, gonflé de son succés, cria à tous les voyageurs du train qu'il provoquait quiconque dirait qu'il avait mal fait et lui reprocherait le sang de cet homme, trop légèrement versé, ou bien voudrait soutenir la jeune fille, cause première de ces deux catastrophes.
Un jeune homme de vingt-cinq ans offrit à celle-ci d'être son champion.
Mais le train repartait. Les deux adversaires prirent place dans le wagon découvert, et voulurent se battre à cette place même. Les deux pistolets furent armés, un silence solennel se fit. Il ne se rompit qu'une minute après par le cri des voyageurs couverts du sand du jeune homme que le marchand venait de tuer.
Enfin arriva la fin de ce trajet marqué à chaque pas par un crime.
Et voilà, dit le Times, comment on voyage en Georgie.
Voici un autre événement, qui ressemble aussi à un cauchemar, quoiqu'il soit parfaitement vrai.
Sur un chemin de fer de Georgie, le même wagon renfermait une jeune fille, nommée Nelly, et deux jeunes hommes, Marc et Osmand, qui prétendaient tous les deux à sa main. Le premier sujet futile amena une contestation entre les rivaux. Un marchand de la ville d'Augusta, qui se trouvait là, les engagea à se battre de suite pour vider leur querelle. Ils refusèrent. Mais, à ce propos, une vive discussion s'éleva entre les voyageurs sur la thèse du duel. Deux d'entre eux, qui n'étaient pas d'accord sur un point, descendirent à la première station, se battirent, et l'un d'eux resta mort sur la place.
Le convoi se remit en marche. L'incident précédent avait échauffé les têtes, le marchand d'Augusta répéta à Marc et Osmand qu'ils étaient des lâches de ne pas en venir aux armes, et qu'il le ferait bien savoir si l'un deux voulait se mesurer avec lui. Osmand, poussé à bout, accepta. A la station suivante, le marchand et lui firent feu l'un sur l'autre; Osmand tomba mort.
Le duelliste, gonflé de son succés, cria à tous les voyageurs du train qu'il provoquait quiconque dirait qu'il avait mal fait et lui reprocherait le sang de cet homme, trop légèrement versé, ou bien voudrait soutenir la jeune fille, cause première de ces deux catastrophes.
Un jeune homme de vingt-cinq ans offrit à celle-ci d'être son champion.
Mais le train repartait. Les deux adversaires prirent place dans le wagon découvert, et voulurent se battre à cette place même. Les deux pistolets furent armés, un silence solennel se fit. Il ne se rompit qu'une minute après par le cri des voyageurs couverts du sand du jeune homme que le marchand venait de tuer.
Enfin arriva la fin de ce trajet marqué à chaque pas par un crime.
Et voilà, dit le Times, comment on voyage en Georgie.
Les moeurs ne sont guères plus douces en Turquie, malgré le progrès récent qu'on dit avoir pénétré ce pays.
Toute l'Europe a appris dernièrement, avec épouvante, que l'une des femmes du sultan, et la plus chère, soupçonnée d'infidélité, avait été placée dans un sac avec des crapauds et des serpents, et jetée à la mer.
On est étonné de voir cette terrible punition appliquée à un crime pour lequel on a en France des idées moins sévères; elles le sont si peu, que parfois elles ne semblent pas même bien arrêtées dans l'esprit de ces dames. Nous avons entendu raconter qu'une femme mariée, plus attachée aux devoirs religieux qu'aux vertus conjugales, demandait à son directeur si c'était un bien grand péché que de tromper un mari; à quoi celui-ci répondit:
- Comment, ma fille ! C'est un péché tellement abominable, que la malice humaine ne suffit pas; il faut s'y mettre à deux pour le commettre.
Paul de Couder.
Journal du Dimanche, 21 décembre 1856.
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