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mardi 3 septembre 2013

Chronique de l'émigration.

Impressions d'un émigrant à Buenos-Ayres.

La Société de Géographie commerciale nous communique le passage suivant d'un de ses correspondant:
Buenos-Ayres est le pays des vaines promesses. Si encore, après avoir travaillé pendant quelque temps à un prix déterminé, l'on était payé ! Malheureusement il n'en est pas ainsi: en général, vous ne touchez que des acomptes, ou la totalité réduite de 40 ou 50 pour 100. L'ouvrier des deux sexes ne gagne, proportionnellement aux dépenses, pas plus qu'en Europe. Si le travail lui manque un instant, il se trouve de suite arrièré pour longtemps, étant donné la cherté de l'existence dans ce pays, les loyers sont très onéreux, la moindre des chambres non meublées se loue 100 francs par mois; le blanchissage, les vêtements sont à l'avenant, seule la nourriture, si l'on ne boit que de l'eau, n'est pas très chère.
Les Italiens et les Français, qui jusqu'à présent ont formé le principal contingent de l'immigration dans la République Argentine, font la fortune du pays par les produits qu'ils consomment et la plus-value importante qu'ils donnent au terrain; mais il en est fort peu qui s'enrichissent. L'anglais, au contraire, industriel audacieux, a mis des capitaux dans toutes les grandes entreprises du pays: chemins de fer, télégraphes, ports, terrains, banques lui appartiennent en grande partie et, sur ce terrain, les Français devraient lutter avec eux.
Les Italiens, qui dans leur pays vivent de peu, viennent ici, comme en Europe, travailler dans des conditions relativement modiques. Ils vivent plusieurs familles ensemble, et trouvent le moyen de faire des économies qu'ils envoient dans leur pays; quant aux Français, peu habitués à ce genre d'existence, ils ne deviennent pas riches, à part quelques exceptions.

Journal des Voyages, dimanche 3 février 1889.

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