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mardi 17 septembre 2013

Nouvelles de nos colonies.

La fête du Bain à Tananarive.

La célébration de la fête du Bain a lieu le 22 novembre avec le cérémonial accoutumé. Les représentants des puissances étrangères et leurs nationaux y assistaient. Sa Majesté, simplement drapée dans un lamba rouge, était assise sur le trône, un jeune prince de la famille royale à ses pieds. Le siège du premier ministre était à droite.
A gauche, sur un coussin de velours rouge, la couronne royale, puis les princesses et plusieurs personnages, assis à terre selon la coutume. Plus loin, à droite, les représentants des différentes castes de la noblesse et des six divisions de l'Imerina.
Les Européens ont pris place en face du trône; seul M. Le Myre de Vilers avait un siège. Derrière eux, les dames de la cour, les officiers malgaches et les choeurs royaux. Dans une enceinte réservée était la baignoire traditionnelle.
Voici comment le Progrès de l'Imna, le journal français de Tananarive, raconte cette intéressante cérémonie:
" Le ministre de la guerre, Rainilaiarivony, fit présenter les armes en l'honneur de Sa Majesté, et aussitôt après, commençe le défilé des gens qui portaient l'eau et les différents objets nécessaires pour le bain ainsi que le bois. On alluma le feu dans l'espace réservé à cet effet.
"Dès que l'eau fut suffisamment chaude, la reine descendit de son trône et alla se placer à gauche. On fit une prière, on chanta un cantique, puis Sa Majesté pénétra dans l'enceinte réservée pour le bain qui était entourée de rideaux. Une salve d'artillerie annonça alors au peuple que la souveraine accomplissait la partie la plus importante de la cérémonie.
" Au bout d'un quart d'heure environ, la reine sortit vêtue d'une robe écarlate ornée de dentelles, coiffée de la couronne et ayant au cou un magnifique collier de diamants. Elle tenait dans la main gauche une corne de boeuf cerclée d'argent contenant de l'eau du bain. Accompagnée du premier ministre, elle alla jusqu'à la porte d'entrée en aspergeant l'assistance. Elle fut, à ce moment, saluée par l'artillerie de la ville et reprit ensuite sa place sur le trône.
"Les princes de la famille royale, les représentants des différentes castes de la noblesse, les ministres vinrent présenter le "hasina" à Sa Majesté, chacun en prononçant quelques paroles par lesquelles il présentait ses souhaits à la souveraine et appelait sur sa personne la bénédiction du ciel.
"Parlant au nom du peuple, de l'armée et en son nom propre, le premier ministre a dit en substance que tous étaient heureux que le " Fandroana" fût arrivé, qu'ils souhaitaient à Sa Majesté de vivre assez longtemps pour voir encore mille cérémonies semblables, qu'il suppliait Sa Majesté d'agréer ses voeux.
"Il ajouta que la reine pouvait avoir confiance dans ses sujets, que le dévouement de tous lui était acquis en toutes circonstances. Rainilaiarivony termina en constatant publiquement que les relations de Madagascar avec les nations étrangères étaient très cordiales et invita chacun à faire ses efforts, dans la mesure de ses moyens, pour les conserver telles. Puis, il appela également les bénédictions de Dieu sur Sa Majesté.
"Ce discours fut plusieurs fois interrompu par des applaudissements.
"La Reine répondit brièvement:
"- Puisque ce sont là vos paroles, je suis heureuse et j'ai confiance. Vivez, messieurs, et que Dieu vous bénisse.
"On servit alors le riz, le mil accompagné de morceaux de boeuf conservés depuis la dernière fête du Bain.
" Un prière et un cantique terminèrent la cérémonie, et les assistants se retirèent vers dix-heures et demie.
"Trois jours avant la fête, il est défendu de tuer des animaux de boucherie, mais dès que l'interdiction est levée, et on le fait le lendemain de la fête du bain, Tananarive se transforme en un véritable abattoir. On estime à quatre ou cinq mille boeufs le nombre de ces animaux mis à mort en une seule journée. Selon la coutume, les quartiers de boeuf s'échangent: on en offre aux parents et amis.
"Enfin, le fête se termine par des jeux et des danses nationales."

Journal des Voyages, dimanche 24 février 1889.

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