Le fard est une pommade composée de blanc d'Espagne, de vermillon ou de quelque autre drogue, que les femmes mondaines appliquent sur leurs visages, pour paraître plus belles, et dont elles sont punies dans la suite par des rides prématurées qui les rendent laides longtemps avant la vieillesse. Les Païens ont condamnés cet indigne artifice.
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Lydie use ordinairement de fard et de mouches, pour se conformer à la mode et à la coutume des femmes de son rang. Le peut-elle faire sans péché ?
R. L'usage du fard a été condamné par les saints docteurs. C'est, dit saint Cyprien, tract.de habitu virg., faire une espèce de violence à Dieu que d'entreprendre de réformer (soit par le fard, ou par quelque autre artifice de cette nature) l'ouvrage qu'il a formé, et de le faire changer de figure; et les personnes qui le font, semblent ignorer que c'est Dieu même qui fait tout ce qui nait, et que le changement qu'on y apporte est l'ouvrage du démon. Manus Deo inferunt, quando id quod ille formavit, reformare et transfigurare contendunt: nescientes quod opus Dei est omne quod nascitur; diaboli quodcunque mutatur.
Saint Augustin et Clément d'Alexandrie parlent le même langage. Et il en résulte qu'on ne peut excuser Lydie d'un péché qui pourrait même devenir mortel, si en se servant de ces vains ornements, elle avait intention de porter les hommes à la luxure, comme l'enseigne saint Antonin.
Nous disons que ce péché pourrait même devenir mortel, en cas que cette femme eût une intention lubrique. Car nous avouons qu'il n'est pas mortel de sa nature parce que comme dit saint Thomas, 2-2, q.169, à.2: non sempertamen talis fucatio est cum peccato mortali, sed solum quando fit propter lasciviam, vel in Dei contemptum: quibus casibus loquitur Cyprianus. Sylvius enseigne la même chose. Cette femme ne pécherait même pas véniellement si elle ne mettait du fard que pour cacher un défaut naturel ou pour plaire à son mari.
Dictionnaire des cas de conscience, 1847.
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