M. Pierpont Morgan, le milliardaire américain, devant faire un paiement dans une banque de New York, présenta un chèque qui lui fut refusé. Le milliardaire fut obligé de solder en espèces.
Cette mortification, assez rare d'ailleurs dans les annales de la Banque, n'est pas particulière au richissime Yankee. Pareille mésaventure arriva, en 1870, au baron James de Rothschild, en Angleterre. Le célèbre banquier ne voulut pas supporter cet affront sans vengeance.
Le lendemain, il arrive avec une voiture de camionneur à la Banque d'Angleterre, et, tirant de son portefeuille une liasse de billets de mille livres, il demande le remboursement en or. A la fermeture des bureaux, il avait fait sortir de la banque la somme rondelette de 400 millions. Le jour suivant, il continuait avec une somme à peu près pareille. Les conséquences de cette transaction furent désastreuses.
L'agio montait à des hauteurs fabuleuses, et la Banque d'Angleterre, le plus grand institut financier du monde, commençait à craindre sérieusement pour son existence.
On alla trouver M. de Rothschild en lui faisant les excuses les plus humbles, et on lui promit d'accepter à l'avenir ses chèques pour n'importe quelle somme.
Le Journal de la jeunesse, premier trimestre 1913.
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