Au lieu de geindre parce qu'on est envahi par les souris, il serait bien plus sage de les utiliser. C'est ce qu'à tenté jadis un inventeur écossais nommé Hatton. Prévenons honnêtement ceux qui voudront marcher sur ses traces qu'il est mort pauvre !
Il avait eu l'idée peu banale d'employer des souris à produire la force motrice nécessaire pour actionner un minuscule métier à filer le lin. Il acheta en 1812, à un prisonnier français, interné à Perth, un jouet constitué par une sorte de tambour, mobile autour d'un axe horizontal fixe, et à l'intérieur duquel était enfermée une souris dont les pattes imprimaient à l'appareil un mouvement de rotation toutes les fois qu'elle essayait de marcher. Hatton se dit que, toute force motrice méritant d'être employée, il pouvait y avoir à faire en tirant parti de celle que produisait la captive: c'était en tout cas une force peu dispendieuse, le moteur animé ne coûtant presque rien et pouvant être nourri sans frais appréciables.
Savez-vous combien de kilomètres fait par jour une souris enfermée dans un tambour à rotation, comme un écureuil dans sa cage ? 16 en moyenne et quelques sujets en ont fait jusqu'à 29 ! 16 kilomètres par jour, pour un animal qui ignore, naturellement le repos hebdomadaire, cela fait par an 5.840 kilomètres, presque le tour de la France par conséquent.
Pendant deux ans, Hatton eut deux souris au travail et utilisa la force motrice qu'elles produisaient. En cinq semaines, ces deux involontaires collaboratrices fabriquèrent 3.350 fils de 0, 625 mètres. Le journal The Scotsman qui donne ces chiffres a calculé qu'en évaluant leur travail par comparaison avec celui d'un ouvrière d'usine recevant les salaires habituels, chacune aurait en un an, gagné 9 francs. Hatton, du reste, avait fait le calcul, lui aussi, mais il avait en même temps, conçu le projet fantastique d'en faire la base d'une exploitation industrielle: il annonça qu'il était acheteur de 15.000 souris, loua un vieil immeuble désaffecté où il commença à faire installer des roues à tambour, tout en exposant à ses amis qu'il allait faire fortune en peu d'années. Malheureusement sa mort subite arrêta net ses projets.
On ne les a jamais repris depuis? Au nom du pittoresque il est permis de le regretter.
Le journal de la Jeunesse, premier semestre 1913.
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