En Autriche, en Allemagne, aux Etats-Unis, les classes élémentaires de garçons sont souvent confiées à des institutrices. Beaucoup de jeunes Américaines donnent à cet enseignement, sous la surveillance de la direction locale, deux ou trois années de leur adolescence: elles ne demandent pas de salaires élevés. Cette profession provisoire d'institutrice parait une sorte de stage où la jeune fille attend un établissement conforme à ses goûts.
A Paris, on fait l'essai de cette innovation. Deux écoles élémentaires de garçons dirigées par des institutrices mariées y sont très recherchées (1).
" En passant de la salle d'asile ou école maternelle proprement dite à l'école primaire, le petit garçon le mieux doué éprouve une sorte de saisissement et d'arrêt. L'instituteur représente la règle virilement; le plus souvent l'utilité des tempéraments lui échappe. Il ne connait pas, et il a généralement peu de goût à étudier les accès si divers, si multiples, de ces jeunes intelligences; or, c''est la chose qui demande le plus d'expérience. L'institutrice peut mieux acclimater l'enfant à l'école. La femme a l'instinct de l'éducation. Comme fille, comme soeur, comme épouse, comme mère, elle est habituée à l'abnégation, au sacrifice. Sa fermeté imprégnée de tendresse captive l'enfant. Son intelligence pénétrante et déliée se prête aux désirs de la naïve créature, sans s'y asservir; elle s'empare, sans efforts ou par un effort aimable, de tous les ressorts de son esprit et de son coeur. Riches en ressource, ingénieuse, inventive, elle sait varier les moyens d'action. Ce qu'on ne lui a pas appris, elle le devine. Jamais l'enfant ne s'ennuie avec elle, parce qu'elle ne s'ennuie jamais avec lui. Mme de Maintenon, qui s'y connaissait, disait un jour: "Il n'est personne qui ne puisse, avec de bons conseils, élever des enfants à partir de dix ans; mais jusqu'à cet âge, toutes les finesses des règles ne suffisent pas; il faut le génie, et les hommes n'y entendent rien."
On constate que les petites classes de garçons dirigées par des femmes ont un air animé, riant, heureux, et que cette atmosphère plus tempérée, ce milieu moins froid, semble favorable à l'épanouissement de l'enfant.(2)
(1) Rue du Faubourg-saint-Martin et boulevard Malesherbes.
(2) Gréard.
Magasin Pittoresque, 1879.
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