C'est le pays des granits et des schistes, des landes solitaires, gaies sous le soleil, plaintives sous le vent, mélancoliques jusqu'à la mort aux approches du soir; c'est la terre des chênes, des haies odorantes, des blés noirs, à la tige rouge, à la fleur blanche, des genêts fleuris, des bruyères qu'empourpre le renouveau; la dure Armorique embrassée par l'Océan; comme le dit son nom d'Arvor ou Armor, la mer. C'est la presqu'île pâle ou noire, austère, osseuse, intime et calme en ses vallons, bruyante à son rivage parmi souffles et sanglots, dans la bataille des vagues et des vents contre la roche, à l'entrée des fjords où sommeille la vague apaisée.
Dans la lande intérieure comme sur le littoral engraissé de plantes marines, auquel ses jaunes moissons ont mérité le nom de Ceinture d'Or, c'est la patrie des hommes du devoir tenace, des capitaines qui meurent au feu, des marins qui meurent à la mer. Tel bourg de cette côte a deux cimetières: l'enclos bénit pour les Bretonnes, l'océan pour les Bretons.
Onésime Reclus.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 8 mars 1903.
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