L'expédition du Docteur Peters.

A la recherche d'Emin-Pacha.

L'expédition du docteur Peters à la recherche d'Emin-Pacha qui vient de partir pour l'Afrique orientale se composera de cent soldats(Somalis) et de cinq cent porteurs, que l'on s'occupe en ce moment d'engager à Zanzibar et sur toute l'étendue de la cité. Cette petite troupe sera organisée et dirigée par huit Allemands, le commandant, le docteur Peters, compris, et plusieurs de ses compagnons sont des jeunes officiers auxquels, dit le correspondant du Times à Berlin, l'empereur a donné l'autorisation de chercher fortune en Afrique.

Au dire du docteur Peters, il a reçu des demandes de plus de sept cent postulants de toutes classes et de toute condition, y compris environ quatre cent officiers, pour se joindre à l'expédition. La troupe dont il dispose a été munie d'armes du système le meilleur et le plus efficace ( remingtons, winchester et sniders, et fusils se chargeant par la culasse pour les porteurs indigènes); une maison d'armes de Berlin a combiné un fusil spécial pour la chasse à l'éléphant, pour un compagnon de chasse du docteur Peters qui enverra une balle conique en acier enchâssé dans du plomb et pesant un quart de livre environ.

Le docteur Peters n'a pas encore choisi l'endroit d'où il compte partir pour l'intérieur; il suppose pourtant que ce sera de Monbassa. Il a l'intention de demander à M. Donald Mackinnon si, dans le cas où l'on jugerait nécessaire de traverser le territoire de la Société Britannique de l'Afrique orientale jusqu'à Daveta, on verrait quelque objection à refuser cette autorisation. Question, on le reconnaîtra, qui n'est pas du tout superflue, étant donné que l'apparition d'une force armée de l'importance de l'expédition Emin pourrait, dans les circonstances actuelles, créer des embarras, voire même provoquer une effusion de sang dans la sphère d'action relativement tranquille des intérêts commerciaux anglais.

Il y a peu de personnes à Berlin, ajoute le correspondant du Times, qui croient que cette formidable expédition du docteur Peters dépassera jamais la côte, et que certainement elle n'ira jamais de la vie jusqu'à Wadelaï. Mais de l'argent a été recueilli dans ce but et il faut qu'on le dépense.

Journal des Voyages, dimanche 7 avril 1889.