Quelle chose précieuse est donc le parfum, qui, sans rien faire perdre à la plante dont in émane, s'attache aux mains d'un ami, et le suit en voyage pour le charmer et lui rappeler longtemps la beauté de la fleur qu'il aime ?
Le parfum de l'âme, c'est le souvenir. C'est la partie la plus délicate, la plus suave du coeur, et qui se détache pour embrasser un autre coeur et le suivre partout. L'affection d'un absent n'est plus qu'un parfum; mais qu'il est doux et suave ! qu'il apporte à l'esprit abattu et malade de bienfaisantes images et de chères espérances!
Ne crains, ô toi qui as laissé sur mon chemin cette trace embaumée, ne crains jamais que je la laisse se perdre. Je la serrerai dans mon coeur silencieux comme une essence subtile dans un flacon scellé. Nul ne la respirera que moi et je la porterai à mes lèvres dans mes jours de détresse pour y puiser la consolation et la force, les rêves du passé, l'oubli du présent.
George Sand.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 8 mars 1903.
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