C'est ce jeune homme qui vous porte vos dépêches à domicile.
Il a généralement de treize à quinze ans, l’œil malin et un grand manteau bleu foncé qu'il porte aussi bien été comme hiver.
Jeune, vif, alerte, ayant les jambes de son âge, il devrait courir avec sa dépêche, revenir au bureau prendre un nouveau télégramme, l'apporter aussi vivement et multiplier ainsi ses voyages entre le bureau qui reçoit et le client qui attend.
C'est évidemment dans ce but que l'administration a choisi le jeune télégraphiste.
Mais le jeune télégraphiste est un sage. Il a un uniforme et le porte avec dignité. En courant, il pourrait l'accrocher, le maculer et, en tout cas, le compromettre. Devenu fonctionnaire par l'autorité de sa casquette et l'ampleur de son manteau, il marche posément, majestueusement, sonne lentement aux portes et monte les escaliers avec componction.
Le jeune télégraphiste connaît sa mission. Si vous le regardez dans la rue, il s'arrête soudain, tourne la tête vers vous, vous contemple avec dédain, vous suit de l’œil pendant quelques instants; c'est seulement quand vous avez disparu au coin de la rue, qu'il songe à la dépêche qu'il porte et qu'il reprend, à pas comptés, son chemin et sa mission.
Le télégraphiste aime à regarder aux vitrines, surtout chez les papetiers. Il y déguste longtemps les images du jour et ne dédaigne pas de suivre un feuilleton de longue haleine à la devanture d'un libraire. C'est ainsi que le petit télégraphiste s'instruit.
Le petit télégraphiste est sevré des joies de ses contemporains. Il ne joue pas au bouchon dans la rue; mais il regarde jouer les autres et leur donne des conseils.
Quand un petit télégraphiste en rencontre un autre, il lui dit bonjour, et chacun d'eux tire alors de son sac de cuir un de ces singes en peluche qui sont la nouveauté de la saison. Ils les compare longuement, les échangent parfois. Ce sont là les bons procédés des petits télégraphistes entre eux.
Quelquefois, les petits télégraphistes se rencontrent à cinq ou six. Ils se mettent à accompagner l'un deux jusqu'à la maison où il porte sa dépêche, et, quand il est rentré, s'accrochent ensuite au bouton de la porte pour l'empêcher de sortir.
Le facteur des postes devrait prendre exemple sur le petit télégraphiste et renoncer à sa vieille habitude de porter les lettres comme s'il avait le diable à ses trousses.
A. Millaud.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 17 mai 1903.
Le télégraphiste aime à regarder aux vitrines, surtout chez les papetiers. Il y déguste longtemps les images du jour et ne dédaigne pas de suivre un feuilleton de longue haleine à la devanture d'un libraire. C'est ainsi que le petit télégraphiste s'instruit.
Le petit télégraphiste est sevré des joies de ses contemporains. Il ne joue pas au bouchon dans la rue; mais il regarde jouer les autres et leur donne des conseils.
Quand un petit télégraphiste en rencontre un autre, il lui dit bonjour, et chacun d'eux tire alors de son sac de cuir un de ces singes en peluche qui sont la nouveauté de la saison. Ils les compare longuement, les échangent parfois. Ce sont là les bons procédés des petits télégraphistes entre eux.
Quelquefois, les petits télégraphistes se rencontrent à cinq ou six. Ils se mettent à accompagner l'un deux jusqu'à la maison où il porte sa dépêche, et, quand il est rentré, s'accrochent ensuite au bouton de la porte pour l'empêcher de sortir.
Le facteur des postes devrait prendre exemple sur le petit télégraphiste et renoncer à sa vieille habitude de porter les lettres comme s'il avait le diable à ses trousses.
A. Millaud.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 17 mai 1903.
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