Le procès des chiens.
Ceci est une fable dessinée, représentant, comme d'habitude, une scène de la vie humaine, parodiée par des animaux.
Il s'agit d'un grand procès longuement débattu, et dont les parties intéressées attendent le résultat. Le juge est un caniche de la grande espèce, dont le dessinateur anglais a respecté la toison, afin de rappeler l'immense perruque des magistrats de son pays. Il vient d'ôter ses lunettes, comme s'il renonçait à mieux voir; et, recueilli, dans son for intérieur, le regard légèrement soulevé, une patte sur le livre de la loi, il prononce l'arrêt!
A droite se trouve le groupe des plaideurs auxquels il donne gain de cause. L'un d'eux, chien épagneul placé tout en bas, réfléchit, le museau appuyé contre terre; il commente en lui-même les paroles du juge, et attend avec calme la conclusion des "Considérants". Plus haut, un de ses consorts, gros chien de garde à tête noire, confiant dans sa force qu'il prend peut être pour le bon droit, s'est doucement endormi; en avant, un griffon écoute avec ravissement: la cause a été comprise, voilà de la justice! Enfin, dans le haut, et à demi caché par le fauteuil magistral, un quatrième intéressé semble tout yeux et tout oreilles; il sourit enchanté. Son procès est gagné.
A notre gauche, nous voyons les plaideurs déboutés.
Celui du bas lève les yeux au ciel; il prend les dieux à témoin de l'inique sentence. Au-dessus de lui, un énorme chien de troupeaux serre les dents de rage; sa petite oreille, son œil à demi clos, son aire féroce et sournois en font un ennemi redoutable. Une levrette, personnage mélancolique et discret, lui jette un regard de côté; évidemment, elle craint d'être compromise dans quelque violence de son dangereux confrère.
Au-dessus de la levrette, un roquet, qui se sent trop faible pour se révolter contre le juge, l'insulte en lui tirant la langue; derrière lui un chien loup grince des dents; il dit à son voisin, d'une physionomie toute débonnaire: -Vous voyez, on nous condamne! Que je meure si je ne me venge pas du grand juge! Le voisin s'efforce de l'apaiser par sa résignation.
La scène est complétée par l'huissier qui, au fond de la salle, les deux pattes sur la balustrade du tribunal, crie au public: Silence!, par le chien de justice apportant dans sa gueule une nouvelle pièce qui arrive trop tard, et par le greffier placé en avant du juge et de même race que lui, mais d'une plus petite espèce.
La malice et la variété des expressions ont rendu cette composition célèbre chez nos voisins les Anglais, qui, comme l'on sait, ont un goût tout particulier pour la race canine, et généralement moins de respect pour leurs juges que pour leurs lois.
Magasin pittoresque, décembre 1849.
A droite se trouve le groupe des plaideurs auxquels il donne gain de cause. L'un d'eux, chien épagneul placé tout en bas, réfléchit, le museau appuyé contre terre; il commente en lui-même les paroles du juge, et attend avec calme la conclusion des "Considérants". Plus haut, un de ses consorts, gros chien de garde à tête noire, confiant dans sa force qu'il prend peut être pour le bon droit, s'est doucement endormi; en avant, un griffon écoute avec ravissement: la cause a été comprise, voilà de la justice! Enfin, dans le haut, et à demi caché par le fauteuil magistral, un quatrième intéressé semble tout yeux et tout oreilles; il sourit enchanté. Son procès est gagné.
A notre gauche, nous voyons les plaideurs déboutés.
Celui du bas lève les yeux au ciel; il prend les dieux à témoin de l'inique sentence. Au-dessus de lui, un énorme chien de troupeaux serre les dents de rage; sa petite oreille, son œil à demi clos, son aire féroce et sournois en font un ennemi redoutable. Une levrette, personnage mélancolique et discret, lui jette un regard de côté; évidemment, elle craint d'être compromise dans quelque violence de son dangereux confrère.
Au-dessus de la levrette, un roquet, qui se sent trop faible pour se révolter contre le juge, l'insulte en lui tirant la langue; derrière lui un chien loup grince des dents; il dit à son voisin, d'une physionomie toute débonnaire: -Vous voyez, on nous condamne! Que je meure si je ne me venge pas du grand juge! Le voisin s'efforce de l'apaiser par sa résignation.
La scène est complétée par l'huissier qui, au fond de la salle, les deux pattes sur la balustrade du tribunal, crie au public: Silence!, par le chien de justice apportant dans sa gueule une nouvelle pièce qui arrive trop tard, et par le greffier placé en avant du juge et de même race que lui, mais d'une plus petite espèce.
La malice et la variété des expressions ont rendu cette composition célèbre chez nos voisins les Anglais, qui, comme l'on sait, ont un goût tout particulier pour la race canine, et généralement moins de respect pour leurs juges que pour leurs lois.
Magasin pittoresque, décembre 1849.