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dimanche 1 février 2015

L'art d'empailler les oiseaux.

L'art d'empailler les oiseaux.

Plusieurs de nos lecteurs nous ont demandé le moyen de conserver les oiseaux tués à la chasse; nous leur donnons, non-seulement ce moyen, mais encore celui de les empailler et de les monter. Nous passerons aussi en revue une série d'industries d'amateurs qui, nous en sommes convaincus, les intéresserons.

L'art d'empailler les oiseaux, se compose de quatre opérations différentes: le nettoyage, le dépouillement, le bourrage et le montage.

Première opération: Nettoyage.

Les oiseaux s'obtiennent ordinairement par deux moyens: la glu et le coup de fusil. Dans les deux cas, le plumage est plus ou moins sali, soit par la boue, soit par le sang; il faut faire disparaître toutes ces souillures avant le dépouillement.
La glu s'enlève au moyen de beurre frais ou d'huile d'olive. L'oiseau est suspendu par un fil passé dans les narines, on frotte légèrement les parties maculées jusqu'à ce que la glu soit enlevée; les plumes sont ensuite dégraissées au moyen d'une solution de potasse et enfin lavée à l'eau fraîche.
Pour faire disparaître les taches de sang, on lave le plumage avec une eau de savon très légère, et l'on rince à l'eau pure. Ces opérations terminées, il faut sécher les plumes le plus promptement possible. Voici le meilleur moyen adopté: les plumes lavées sont saupoudrées de plâtre fin, pulvérisé, qu'on détache, à l'aide du scalpel, à mesure qu'il forme croûte et qu'on a soin de renouveler tant qu'il reste la plus légère trace d'humidité. Il est expressément recommandé de ne pas ménager le plâtre; l'excès ne peut avoir d'inconvénient, la parcimonie aurait celui de laisser la dessiccation imparfaite.

Deuxième opération: Dépouillement.

Avant de décrire cette opération, qui est la plus délicate de l'art de l'empailleur, indiquons les principaux outils, dont doivent se munir les amateurs: un assortiment de bruxelles, pinces à dissection, de différentes grandeurs, un scalpel, un cure-crâne, une pince plate, une pince à pansement, une pince coupante. Joignez à cela, un léger marteau, une petite scie à main, une lime fine et une moyenne, des vrilles de différentes grosseurs, des aiguilles, du fil de fer de plusieurs grosseurs, deux pinceaux en crins et un blaireau. Ainsi équipés, vous aurez tout l'attirail nécessaire pour empailler et monter les oiseaux.
Voici, maintenant, comment il convient de procéder au dépouillement; avant tout, il faut boucher avec du plâtre le bec de l'oiseau et ses narines qu'on aura grand soin de ne pas déformer. Cette précaution a pour but d'empêcher les matières contenues dans l'estomac de s'épancher par le bec et d'endommager le plumage. L'oiseau est placé sur le dos, la tête du côté gauche de l'opérateur. De la main gauche, celui-ci écarte délicatement les plumes et met la peau à découvert sur une ligne partant de l’œsophage et longeant le sternum (os de l'estomac) , puis il pratique, à l'aide du scalpel, la première incision, de la fourchette du sternum jusqu'au ventre. On écarte alors les deux lèvres et on détache la peau sur le muscle à l'aide du manche plat du scalpel aussi loin que possible sous l'aile, en ayant soin de saupoudrer abondamment de plâtre pour empêcher que la peau ne se rattache aux chairs. L'autre côté s'enlève de la même façon. Quand le dépouillement atteint la naissance des ailes, celles-ci sont coupées avec les ciseaux courbes, et détachées du corps le plus adroitement possible, puis la peau est détachée autour de la base du cou qui doit être tranché le plus près possible du corps. A ce moment, on retourne comme un gant la peau à laquelle tiennent le cou et les deux ailes, et on la descend vers la queue en découvrant le corps. On agit alors pour les pattes comme pour les ailes et la peau descend jusqu'au coccyx que l'on écorche à moitié et que l'on tranche, ce qui termine la principale opération du dépouillement. 
Il reste maintenant à induire la peau de préservatif.

                                                                                                                           (A suivre)

La Petite Revue, premier semestre 1889.

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