Chronique.
Depuis plusieurs jours des rassemblements se formaient aux Champs-Elysées pour contempler les évolutions et les grimaces d'un singe de grande espèce, qui sautait et gambadait d'arbre en arbre, ni plus ni moins que s'il eut été dans une forêt vierge du Brésil.
Ce singe appartenait à M. Bottwell, le Clown du Cirque de l'Impératrice, et il s'était échappé de sa cage. Depuis trois jours il vivait ainsi en liberté, se nourrissant exclusivement de feuilles d'arbres. En vain essayait-on de s'emparer de lui, il menaçait des griffes et des dents quiconque était assez hardi pour l'approcher.
Les rassemblements occasionnés par le présence de ce singe étant contraire au bon ordre, le commissaire de police des Champs-Elysées, avec l'assentiment de M. Bottwell, s'est décidé à faire abattre l'animal, que le clown avait déclaré être d'un naturel très-méchant, et qui, devenu furieux, pouvait occasionner des malheurs.
Un zouave s'est chargé de cette exécution, et, d'une balle, il a brisé la tête du singe, qui est tombé sans vie sur le sol, en présence de nombreux spectateurs.
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La semaine dernière, par une belle soirée, un employé du chemin de fer se promenait sur la route de Fives et respirait l'air pur de la campagne. Il fait la rencontre d'une jeune fille qui pleure et paraît en proie à un violent désespoir. Il se hasarde à lui demander la cause de ses chagrins. Elle répond, avec accompagnement de sanglots, qu'elle a été abandonné par un homme qu'elle aimait avec passion, et qu'elle veut en finir avec la vie.
L'employé s'intéresse au sort de la malheureuse, il la console de son mieux, s'offre de la conduire chez elle, et lui donne le bras, en se dirigeant vers Lille.
Après quelque temps de marche, il s'aperçoit qu'il n'a plus sa montre: "Tu viens de me voler!." dit-il. Elle jette un cri aigu. A ce signal accourt un troisième personnage, qui tombe brusquement sur le trop galant employé et l'accable de coups de poing sur la tête, jusqu'à ce qu'il tombe étourdi.
Le tour était joué. L'inconnu se sauve avec sa compagne et court encore.
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Une femme de trente-cinq à quarante ans, mise d'une façon convenable, entra hier, vers huit heures du soir, dans un établissement de bains publics de la rue Mouffetard et se fit préparer un bain.
Un temps fort long s'étant écoulé sans qu'elle sonnât, on commença à concevoir des inquiétudes d'autant plus vives, que, dans le cabinet où elle avait été placée, on n'entendait pas le moindre bruit. Sur l'ordre de la maîtresse, une personne de service entra et trouva cette femme étendue toute habillée au fond de la baignoire. Elle ne faisait aucun mouvement, et, lorsqu'on la retira, on reconnut qu'elle avait cessé de vivre.
Au pied de la baignoire avaient été déposées plusieurs lettres écrites par cette malheureuse et adressées à ses enfants. Dans les termes les plus touchants, elle leur demandait pardon de s'être séparée d'eux en attentant à ses jours, et elle ajoutait qu'une impulsion plus forte que sa volonté l'entraînait à se donner la mort.
Ces lettres n'indiquaient du reste aucune autre cause de cette déplorable résolution.
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Un drame émouvant s'est passé dans la ville d'Aix.
Un individu sortait, en courant, d'une maison du Cours, en criant: "A l'assassin!" et venait tomber ensanglanté sur le seuil de la librairie Garibal.
On s'empressa de lui porter secours; il était atteint d'une blessure assez profonde à l'avant-bras.
La justice informe sur cette mystérieuse affaire.
Journal du Dimanche, 11 octobre 1857.
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