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lundi 16 février 2015

Mariage à l'Elysée.

Mariage à l'Elysée.

L'hymen va fleurir à l'Elysée.
Mlle Fallières épouse le secrétaire général de la présidence, M. Jean Lanes, compatriote, fidèle ami et, de tout temps, précieux collaborateur du chef de l'état. Voilà les liens qui les unissaient à jamais resserrés. Mlle Fallières a beaucoup de distinction et de bonne grâce, mêlées à beaucoup de modestie...
Puisqu'il s'agit de mariage, rappelons dans quelles circonstances celui du président s'accomplit. Ce sont de vieux souvenirs que notre confrère Raoul Aubry a recueillis et nous communique.
Lorsque Armand Fallières eut été reçu bachelier, en 1859, son père lui dit:
- Tu seras avocat; prépare ta licence et deviens l'honneur du barreau de Nérac; tel est mon vœu.
Alors, toujours avide de mouvement et de liberté, il partit pour Paris et suivit les cours de la Faculté de droit. Les suivit-il? Il s'était logé dans un hôtel peu luxueux de la rue Dauphine et ne fréquenta guère les Pandectes. Ainsi qu'il était juste, il échoua lorsque vint l'heure des examens, et son père manifesta quelque amertume à cet échec. On lui fit des observations légitimes et on le mit étudiant à Toulouse, ville plus proche, afin de l'y pouvoir mieux surveiller. Le calcul paternel fut heureux: le jeune homme travailla, quoique sans excès, avec une assiduité suffisante, et, trois ans après, réinstallé dans le Quartier Latin qu'il affectionnait, il obtenait sa licence, entrait chez un avoué pour y prendre des leçons de procédure, et formait son esprit aux choses du droit. On raconte à ce propos, que son enthousiasme pour les grimoires judiciaires était médiocre; contraint à choisir une étude où il ferait son stage, il ouvrit un annuaire, piqua le premier nom venu, au petit bonheur d'une aiguille, et s'en fut alors s'instruire une année chez cet officier ministériel du hasard. L'anecdote ne doit pas être exacte; mais elle n'est pas dépourvue de toute vraisemblance.
Voilà donc le nouvel avocat prêt à réaliser le rêve paternel: "Tu seras avocat!" Il l'était. Il se fit inscrire au barreau de Nérac et y réussit assez vite et assez bien.
Durant les vacances, à Mezin, le jeune Fallières était très gai. Il s'amusait à provoquer l'ébahissement des indigènes, ainsi qu'il convenait à l'étudiant que Momus et le boul'Mich' avaient initié aux façons libres de Paris. Mais il n'en usait ni mieux ni plus mal que ceux de cet âge. Il fit des farces innocentes aux personnes austères de son pays, tira les cordons de sonnette; mais, ayant pris du sérieux et de l'autorité comme avocat, il fut un citoyen modèle. Il épousa Mlle Besson, fille d'un avoué de Nérac, s'affirma comme un des meilleurs orateurs de la région et gagna quelques causes retentissantes. Il devint maire républicain de Nérac, malgré l"opposition des siens, conseiller général, député... Vous savez le reste.

Les annales politiques et littéraires, 5 juillet 1908.

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