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vendredi 6 février 2015

L'arcade de Saint-Yves à Rennes.

L'arcade de Saint-Yves à Rennes.

Les religieuses hospitalières de l'ordre de Saint-Augustin avaient été établies à Rennes, en 1644, par les soins de la commune; mais le local où elles avaient été placées ne tarda pas à se trouver trop étroit pour les pauvres malades. La commune autorisa les bonnes sœurs à construire au-dessus de la rue de la Poissonnerie un corps de logis soutenu par une arcade, à la condition expresse que "les armes de la ville seraient posées sur le lieu le plus éminent de ce bâtiment comme preuve de la concession."
Cette arcade (qui doit disparaître, si elle n'a disparu dans le redressement des quais) , s'étant trouvée démasquée, grâces à de récentes démolitions, a ouvert une perspective assez vaste, encadrée par le plein cintre de la voûte. On aperçoit les tours de l'église de Toussaint, le pont de Berlin et la halle aux toiles. Le dessin que nous donnons est antérieur à ces démolitions et ne laisse voir que l'église; le reste est caché par de vieilles maisons.


A peu de distance de l'arcade Saint-Yves se trouvait la vieille poterne par laquelle Duguesclin ravitailla les Rennois assiégés. Cet épisode est un des plus curieux de la vie du grand capitaine breton.
"Bertrand, dit dom Lobineau, donna sur le camp des Anglais au lever du soleil, dans le temps que l'on changeait les gardes, et que la plupart des ennemis dormaient. Il abattit les tentes, mit le feu partout et fit un si grand ravage que les Anglais se persuadèrent qu'il y avait vingt mille Français dans le camp. Bertrand, poussant toujours sa pointe, arriva dans une rue du camp où il y avait un très grand nombre de charrettes chargées de toute sorte de provisions de bouche; il s'en rendit maître après avoir tué ceux qui voulurent se défendre, et fit conduire les charrettes aux portes de la ville, qui lui furent ouvertes aussitôt qu'on l'eut reconnu. Il fut conduit comme en triomphe à la maison de son oncle, où, ayant assemblé les charettiers dont il avait enlevé les vivres, il les fit payer, leur rendit leurs chevaux et leurs charrettes, et leur recommanda deux choses: la première d'aller saluer de sa part le duc de Lancastre, et la seconde de ne plus amener de vivres aux Anglais, sous peine de la vie. Ils exécutèrent fidèlement le premier de ces ordres en disant au duc:
- Sire, Bertrand se recommande à vous, et dit que, pardieu! il vous verra le plus tôt qu'il pourra, et a assez à vivre lui et ses gens; et quand il vous plaira des vins de la cité, il vous en envoira, et du boschet aussi pour vous adoucir votre cœur."
L'homme couvert de la peau de chèvre, que le dessinateur a représenté au premier plan, est un paysan de la campagne de Rennes; son costume est celui que portaient les chouans du Maine et de Bretagne, lorsque la grande guerre vendéenne, terminée par la déroute du Mans, se transforma en une lutte de guérillas, qui se prolongea dans les départements de l'ouest presque jusqu'à l'empire.

Magasin pittoresque, juillet 1849.

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