Le Vendredi saint dans les Vosges.
La semaine sainte revient chaque année avant le retour du printemps, à une époque où les tristesses de l'hiver, prolongeant leur teinte sombre, se confondent avec le sentiment religieux: un reste de neige se loge au creux des rochers, comme les souvenirs des chagrins de la vie habite le fond des cœurs.
Notre dessin reflète cette intime harmonie, qui impressionne si vivement l'artiste dans les forêts et sur les pentes des Vosges.
Là, dès le matin du vendredi saint, la cloche appelle aux prières du modeste temple les fidèles épars dans les fermes et dans les chalets disséminés.
Quand la parole sacrée a cessé de se faire entendre, la longue file des paysans se disperse peu à peu, en pénétrant dans des sentiers ouverts entre les sapins, en descendant les chemins protégés par les blocs de pierres roulées ou par les masses d'arbres renversés.
Ces braves gens, tous parés pour la fête sérieuse, marchent lentement, solennellement, les uns par groupes, les autres isolés, sans prononcer une parole, sans faire de geste, les uns d'un pas ferme, les autres appuyés sur un bras ami, sur des béquilles ou sur un bâton; les âges, les sexes, sont absorbés dans une idée commune. Qu'il y a plus de grandeur dans ce silence que dans les joies bruyantes de la ville!
Le magasin pittoresque, 1865.
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