Des arbres
considérés comme monuments historiques.
considérés comme monuments historiques.
Un grand nombre de pierres celtiques désignaient particulièrement dans le moyen âge des lieux propres à rendre la justice. Les arbres eurent aussi cette honorable destination; plus d'une fois l'histoire l'atteste. Chacun a présent à la mémoire ce que Joinville dit en parlant de saint Louis à Vincennes:
"Après qu'il avoit ouï la messe en été, il alloit s'esbattre au pied d'un chêne, et nous faisoit asseoir tout emprès lui, et tous ceux qui avoient affaire à lui venoient à lui sans que aucun huissier ne autre leur donnast empêchement."
Au rapport du même historien, on voyait dans le jardin du roi au Palais de Justice à Paris, entre deux grandes cérisées, un grand gazon où maintes fois le roi saint Louis siégea sur des tapis, et avec lui Joinville, Pierre Desfontaines, Etienne Boislève, et autres prud'hommes des vieux temps.
Joinville rapporte encore que Louis IX alla s'asseoir sous une grande cérisée dans son jardin du Palais de Justice à Paris, pour entendre les différends du roi de Navarre et du duc de Bretagne.
M. Michelet, dans ses Origines du droit français, confirme ces faits et cite des exemples:
"Le jugement, dit-il a souvent lieu sous les arbres: - aux trois chênes, aux cinq chênes. - Ce sont, plus souvent encore, des tilleuls; ainsi : le lieu des sept tilleuls, en France, la seigneurie des sept chênes, aujourd'hui encore, on voit dans la Hesse un tilleul planté sur une colline où se rassemblent les paysans; la colline est entourée parfois d'une muraille, et des degrés y conduisent."
"Jugement du sapin sur la grande route impériale (année 1324) ; sous le bouleau (année 1189) ; sous le noyer, sous le sureau; devant l'aubépine; sous le ciel bleu; tribunal de l'aubépine; le siège des libres, sous le poirier (année 1443) ; sur la hauteur, au lieu appelé le hêtre de fer, où un franc-juge doit siéger (année 1490). - Grim."
"Il y avait des jugements sous l'orme, par exemple, dans un village du bailliage à Remiremont."
Les arbres servaient aussi à fixer le lieu des rassemblements, et devenaient le point de départ pour de grandes entreprises militaires: tel était le fameux ormeau de Gisors. Pendant long-temps ceux qui avaient à traiter d'affaires importantes ou de transactions, se donnèrent rendez-vous auprès de ce tronc recouvert de fer. Cet emplacement est encore connu aujourd'hui sous le nom de l'ormeteau ferré; on lui a donné aussi le nom de Champ sacré; La Philippide de Le Breton contient une description de cet arbre fameux, et de la bataille dont il fut le prétexte.
On jurait au pied de ces arbres foi et hommage; on y faisait des traités ou autres transactions; on y prêtait des serments de fraternité et d'assistance que la mort seule pouvait rompre. Il y avait dans les Vosges un chêne magnifique, qui, dans les quatre siècles derniers, retint le nom de chêne des partisans, parce que les Vosgiens qui, à Neufchâteau, voulaient défendre leur pays, s'y donnèrent rendez-vous en 1437. Ce chêne existait encore en 1820; il avait dix-sept pieds de diamètre, et cet arbre si touffu était si démesurément gros que cinquante grenadiers pouvaient à peine l'embrasser.
Ordinairement, les fameux pas d'armes et les joûtes de la féodalité n'avaient pas d'autre théâtre; aussi ornait-on de trophées ces vieux rameaux, et les décorait-on de chaînes, de colliers, de bracelets d'or et autres objets précieux, sans que personne osât y porter une main profane ou infidèle. Quelquefois ces arbres était l'organe du destin; car le moyen âge eut aussi des oracles de Dodone.
"Il y avait, dit Richer, sur les bords de la Loire un grand chêne où les plaideurs allaient s'asseoir par un grand vent et en présence de témoins; celui au côté duquel tombait la première feuille aux oracles gagnait tout bonnement son procès. Dans la saison où l'arbre était dépouillé, les plaideurs apportaient sur une éminence, près de Nantes, des gâteaux qu'ils posaient séparément, puis s'éloignaient à certaine distance: celui dont les corbeaux venaient goûter l'offrande avait gain de cause, au dire des témoins. (Voyage de Nantes à Paimbeuf, p. 38)
C'est encore au pied de ces chênes, ou d'autres arbres renommés, tel que l'Orme Saint-Gervais à Paris, que l'on venait payer certaines rentes, des redevances et tenances.
De tout temps, et chez presque tous les peuples de la terre, les arbres ont été l'objet d'une espèce de culte. L'idolâtrie les avait adorés comme des divinités. Une religion plus éclairée leur a confié seulement de saintes images. Des pontifes en mettant leurs soins à faire perdre à ces arbres une vénération superstitieuse, ont vu avec satisfaction s'élever sous ces paisibles ombrages les signes de la foi; témoin ce chêne-chapelle qui se trouve dans le cimetière du village d'Allouville, à une lieue d'Yvetot, dont la description a été faite, en 1822, par M. Marquis, correspondant de la Société des antiquaires de France, et qu'à fait connaître le Magasin pittoresque, 1833, p. 272.
César osa beaucoup en frappant de sa hache profane les arbres de la forêt sacrée; le premier il avait sapé les fondements de la religion des druides, et montré qu'on pouvait impunément braver la puissance de Thor et d'Esus.
L'influence des druides sur les Gaulois était en effet redoutable aux Romains. Ces peuples les croyaient les représentants et les oracles des dieux: leurs ordres étaient regardés comme la manifestation de la volonté d'intelligences supérieures. A leur voix, les Gaulois prenaient les armes pour défendre leur pays. Aussi voit-on les premiers empereurs proscrire avant tout le culte druidique, poursuivre et faire livrer au feu les druides.
Les Romains commencèrent donc la destruction des belles forêts de nos ancêtres. Les progrès de la civilisation, de l'agriculture, resserrent leurs limites; mais pourtant long-temps encore une grande partie fut religieusement conservée. Sous leur ombrage se célébrait la fête du village, se tenait la foire où arrivaient les marchands des pays d'alentour.
A chaque arbre, surtout dans les forêts de l'Etat, se rattachait un souvenir. Les conserver, les respecter, était une sorte de devoir. Mais à ce culte religieux dont ils faisaient l'objet a succédé une grande indifférence. L'Angleterre a plus de respect pour ces vieux témoins qui marquent les grands événements historiques, ou rappellent le passage d'hommes illustres. nous avons déjà donné la gravure de l'arbre de Pope (1835, liv. 40). Le chêne d'Owen Glendower n'est pas moins révéré.
Une tradition rapporte que ce descendant des anciens souverains du pays de Galles, monta sur cet arbre pendant la bataille qu'il livra avec Henry Percy, le 20 juillet 1403, à Henri IV d'Angleterre.
Un des arbres historiques les plus célèbres en Espagne est celui de Guernica, dans la Biscaye. L'assemblée générale du gouvernement de cette province se réunissait tous les deux ans sous ce chêne pour voter. C'est aussi là que se faisait la vérification de l'élection et que se tenait la première séance. C'est encore là que siégeaient les juges qui avaient à poursuivre pour cause de félonie. En 1476, Ferdinand et Isabelle jurèrent sous son feuillage le maintien des lois biscayennes: los fueros.
Magasin pittoresque, avril 1838.
C'est encore au pied de ces chênes, ou d'autres arbres renommés, tel que l'Orme Saint-Gervais à Paris, que l'on venait payer certaines rentes, des redevances et tenances.
De tout temps, et chez presque tous les peuples de la terre, les arbres ont été l'objet d'une espèce de culte. L'idolâtrie les avait adorés comme des divinités. Une religion plus éclairée leur a confié seulement de saintes images. Des pontifes en mettant leurs soins à faire perdre à ces arbres une vénération superstitieuse, ont vu avec satisfaction s'élever sous ces paisibles ombrages les signes de la foi; témoin ce chêne-chapelle qui se trouve dans le cimetière du village d'Allouville, à une lieue d'Yvetot, dont la description a été faite, en 1822, par M. Marquis, correspondant de la Société des antiquaires de France, et qu'à fait connaître le Magasin pittoresque, 1833, p. 272.
César osa beaucoup en frappant de sa hache profane les arbres de la forêt sacrée; le premier il avait sapé les fondements de la religion des druides, et montré qu'on pouvait impunément braver la puissance de Thor et d'Esus.
L'influence des druides sur les Gaulois était en effet redoutable aux Romains. Ces peuples les croyaient les représentants et les oracles des dieux: leurs ordres étaient regardés comme la manifestation de la volonté d'intelligences supérieures. A leur voix, les Gaulois prenaient les armes pour défendre leur pays. Aussi voit-on les premiers empereurs proscrire avant tout le culte druidique, poursuivre et faire livrer au feu les druides.
Les Romains commencèrent donc la destruction des belles forêts de nos ancêtres. Les progrès de la civilisation, de l'agriculture, resserrent leurs limites; mais pourtant long-temps encore une grande partie fut religieusement conservée. Sous leur ombrage se célébrait la fête du village, se tenait la foire où arrivaient les marchands des pays d'alentour.
A chaque arbre, surtout dans les forêts de l'Etat, se rattachait un souvenir. Les conserver, les respecter, était une sorte de devoir. Mais à ce culte religieux dont ils faisaient l'objet a succédé une grande indifférence. L'Angleterre a plus de respect pour ces vieux témoins qui marquent les grands événements historiques, ou rappellent le passage d'hommes illustres. nous avons déjà donné la gravure de l'arbre de Pope (1835, liv. 40). Le chêne d'Owen Glendower n'est pas moins révéré.
Une tradition rapporte que ce descendant des anciens souverains du pays de Galles, monta sur cet arbre pendant la bataille qu'il livra avec Henry Percy, le 20 juillet 1403, à Henri IV d'Angleterre.
Un des arbres historiques les plus célèbres en Espagne est celui de Guernica, dans la Biscaye. L'assemblée générale du gouvernement de cette province se réunissait tous les deux ans sous ce chêne pour voter. C'est aussi là que se faisait la vérification de l'élection et que se tenait la première séance. C'est encore là que siégeaient les juges qui avaient à poursuivre pour cause de félonie. En 1476, Ferdinand et Isabelle jurèrent sous son feuillage le maintien des lois biscayennes: los fueros.
Magasin pittoresque, avril 1838.
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