Les quatre tempéraments.
Les quatre tempéraments sont, suivant Lavater, le sanguin, le flegmatique, le colérique et le mélancolique.
Rien n'est plus ordinaire, dit le célèbre auteur des Essais physiognomoniques, que de juger des tempéraments sur le mouvement et la couleur; rien n'est plus rare que d'en juger sur la forme, sur le contour des parties solides ou des parties molles considérées dans l'état de repos.
Lavater ajoute que sans doute les caractères de chaque tempérament peuvent varier à l'infini; mais il tient pour certain que la forme du visage, les contours et les traits considérés dans l'état de repos suffisent pour démontrer et faire sentir la différence caractéristique des tempéraments. Il offre à ses lecteurs, pour exemple, ces quatre personnages que l'habile artiste allemand Chodowiecki a placés devant un tableau représentant une des scènes les plus douloureuses de la vie humaine.
La pantomime de chacun des quatre spectateurs révèle son tempérament. Le flegmatique ne donne aucun signe d'émotion: il est lent à s'affliger comme à se réjouir. Le sanguin sent ses veines se gonfler, et il semble qu'on lui ait asséné un coup violent sur la tête: il est muet et immobile d'étourdissement. Le mélancolique, dès la première impression s'est mis à rêver à tous les maux qui affligent l'humanité. Le colérique est exaspéré: il ne sait à qui s'en prendre; mais il aurait besoin de frapper quelqu'un; il tirerait volontiers l'épée contre le destin ou contre le peintre lui-même.
C'est ainsi que nous sommes différemment affectés, à la vue du bien ou du mal, selon nos tempéraments; ce qui aide à expliquer comment nous portons souvent des jugements en apparence si différents sur les mêmes choses. Mais ces mouvements naturels, instinctifs, qui nous entraînent à l'exagération en tel ou tel autre sens, peuvent être dominés par la réflexion et par la culture de nos facultés. Il y a un point juste de la vérité où doivent se rencontrer, en dépit des influences opposées de leurs organisations, le flegmatique, le sanguin, le mélancolique aussi bien que le colérique.
Le magasin pittoresque, Tome XXXIII - février 1865.
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