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mercredi 1 octobre 2014

Le château de Saint-Germain.

Le château de Saint-Germain.


L'existence du château vieux de Saint-Germain, dont nous donnons ici la gravure, ne remonte pas au-delà de l'année 1325. 



C'est vers cette époque que François 1er, auquel on devait déjà l'édification des maisons royales de Fontainebleau et de Chambord, entreprit de reconstruire le château de Saint-Germain, qui depuis est demeuré tel à peu près que nous le voyons aujourd'hui. Nous ne nous occuperons point, par conséquent, de l'espèce de château-fort qui, sous les rois précédens, avait existé à la place de celui-ci; nous dirons seulement que cette position, unique par son avantage, ayant de tout temps attiré l'attention des maîtres de la contrée, il est fait mention dès le IIe siècle, dans les chroniques, d'un château royal de Saint-Germain.
Plusieurs auteurs ont pompeusement raconté et les noces de François 1er avec Madame Claude, lesquels furent célébrées au château de Saint-Germain, et le goût prononcé de ce prince pour cette habitation royale.
Ce fut pour Diane de Poitiers, que la beauté du paysage et la pureté de l'air de Saint-Germain avaient séduite, que François 1er tira  le château de ses ruines. Par une bizarrerie, que la galanterie de l'époque peut seule faire comprendre, il fit donner à cette construction la forme d'un D gothique. Pour qu'il ne manquât rien aux agrémens de cette résidence, François 1er y joignit un parc de 416 arpens, enclos de murs, et dans lequel on enferma des cerfs, des daims, des sangliers, amenés en grand nombre de la forêt de Fontainebleau.
Il n'est personne qui n'ait entendu parler du fameux duel qui eut lieu, sous Henri II, entre Jarnac et de la Chataigneraie. Ce fut dans le parc et sous les murs du château de Saint-Germain que se vida cette célèbre querelle. Frappé d'un coup imprévu de son adversaire, la Chataigneraie succomba aux suites de ses blessures. Henri II fut si profondément affecté de la mort de son favori, qu'il jura de ne plus permettre de combats en champ-clos. Ses successeurs imitèrent son exemple, et il n'est resté de cette odieuse coutume que le dicton populaire de coup de Jarnac, pour désigner une ruse, un retour imprévu de la part de son ennemi.
Au commencement de la ligue, en 1574, Charles IX et sa mère Catherine de Médicis, effrayés par les troubles qui agitaient Paris, vinrent se réfugier à Saint-Germain. L'assemblée des notables, convoquées en 1583 par Henri III pour la réformation des abus, se tint également à Saint-Germain.
Henri IV, ainsi que son prédécesseur, aima fort le séjour de Saint-Germain, et c'est sous son règne que l'on vit s'élever, à côté de l'ancien château, une seconde habitation royale qui prit le nom de Château-Neuf, et qui n'était séparé de l'ancien que par un espace de 200 toises. Ce château devint la demeure habituelle de Gabrielle d'Estrées. Un des pavillons de ce bâtiment s'appelle même Pavillon de Gabrielle.
Louis XIV naquît au Château-Neuf. C'est sous son règne que les habitations royales de Saint-Germain et leurs dépendances acquirent, par des embellissements successifs, le plus haut degré de splendeur. Le Nôtre y dessina cette magnifique terrasse commencée par Henri IV, et qui n'a peut être rien de comparable en Europe, ainsi que ce vaste parterre, devenu aujourd'hui un tapis de verdure, ombragé par de belles et grandes allées d'arbres. Les agrandissements ne se bornèrent pas là. A l'ancien château furent ajoutés les cinq gros pavillons dont il est flanqué, parce que toutes ces vastes demeures ne pouvaient encore suffire à la cour du monarque le plus fastueux de l'Europe. Plus de six millions et demi furent employés à ces travaux; mais ce n'était là qu'une bagatelle, en comparaison du milliard que devait engloutir Versailles !
Le Château-Vieux de Saint-Germain vit se développer l'affection du grand roi pour Madame de Lavallière.
A Madame de Lavallière succéda Jacques II. Deux fois précipité du trône, ce roi d'Angleterre vint terminer à Saint-Germain ses infortunes et sa vie. Son tombeau est conservé dans l'église de la ville, et il est peu d'Anglais qui, en arrivant à Paris, n'aillent saluer les dépouilles mortelles du dernier des Stuarts. Jacques II est le dernier personnage historique qui ait habité le château de Saint-Germain, et avec ces hôtes couronnés a disparu toute l'importance de cette maison royale. Les deux édifices ont soufferts de cet abandon. Le Château-Neuf avait déjà cessé d'exister avant 93 (1) , et si l'ancien a résisté au ravage du temps et des révolutions, on le doit à l'étonnante solidité de sa construction, qui seule a arrêté la main des niveleurs. Il est, comme on dit, d'une forme pentagone irrégulière, et entourés de fossés profonds, que l'on traverse au moyen de deux pont-levis. Sa hauteur moyenne est de 90 pieds à partir de sa base dans le fossé. Le côté sous lequel on le voir dans la gravure, est la façade qui regarde l'avenue des Loges (2).

(1) Madame la duchesse de Duras, l'auteur d'Ourika, acheta en 1828 et fit réparer un petit pavillon du Château-Neuf, où Louis XIV avait reçu le jour.
(2) Maison succursale de celle de Saint-Denis, et destinée à l'éducation des filles des membres de la Légion-d'Honneur.

Le Magasin Universel, 1834-1835.

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