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samedi 28 janvier 2017

Le tirage au sort.

Le tirage au sort.

On ne s'occupe que du soldat... nous avons voulu montrer aujourd'hui comment on le devient; car excepté les intéressés, bien peu de gens se rendent compte de la manière dont s'opère le tirage au sort dans la grande salle de l'Hôtel de Ville, la célèbre salle Saint-Jean, qui, de tout temps, même avant l'incendie du vieux monument, a eu cette destination.
Qu'on regarde plutôt le dessin de M. Chelmonski et l'on verra comment se fait le tirage au sort, car il est d'une exactitude scrupuleuse.



Cela dure près de trois semaines, car les arrondissements de Paris sont appelés les uns après les autres et il y en a de fort populeux. Au jour fixé pour chacun d'eux, les jeunes gens endimanchés, le sourire sur les lèvres, accompagnés la plupart du temps d'un membre de leur famille, viennent se ranger sur des banquettes devant l'estrade solennelle que nous représentons; on appelle chaque série, qui doit procéder au tirage, puis, nominativement, chaque conscrit. Celui-ci monte sur l'estrade, passe sous la jauge, enfin va puiser dans le sac à malice... qui est remué à chaque fois par un fonctionnaire ah hoc.
Le gendarme, debout, veille à la correction de l'opération. On dirait, par son attitude, qu'il préside. Cependant, il y a là le bureau dont le Président représente l'autorité préfectorale. Le maire de l'arrondissement ou son adjoint, en écharpe, se tient dans un fauteuil près de l'urne pour tirer le nom des absents.
Et les petits français défilent, défilent, pendant qu'on dit à haute voix les numéros tirés; les plus bas comme les plus hauts sont soulignés dans la foule par des exclamations contenues, et voilà le premier enrôlement officiel des jeunes recrues prononcé. On se précipite sur les marchands de numéros illustrés. Les grands triangles de couleur ornent casquettes et chapeaux, les cocardes ornent les boutonnières, les rubans tricolores flottent autour des vêtements; on rit, on boit, un peu trop quelquefois, et l'on parcourt la ville en chantant joyeusement.
Ce n'est pas triste, le tirage au sort, et pourtant... qui sait ce qu'il cache.
Nous n'insisterons pas, laissons-les se divertir, ces braves enfants, laissons-les rêver de gloire... rien ne dit qu'ils ne s'en couvriront pas un jour.

Le petit Moniteur illustré, 3 février 1889.

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