Translate

mercredi 11 janvier 2017

Les rois de la fève.

Les rois de la fève.


La fête des Rois, dont la tradition se conserve encore au sein des familles, nous fournit une illustration curieuse, à laquelle un intérêt d'actualité prêtera une saveur de plus.
Le sujet principal représente le festin des Rois. 



Au moment de la distribution du gâteau, des troupes de pauvres se présentaient jadis aux portes et aux fenêtres des heureux du jour et réclamaient la part à Dieu, c'est à dire celle des indigents, en chantant de naïfs couplets dont voici un spécimen:

Avisez donc ce biau gâtiau
Qu'il est dessus la table
Et aussite ce biau coutiau
Qu'est au long de l'argade
Ah! si vous peuvez
Pas ben le couper
M'y faut le donner
L'gâtiau tout entier!

A la fin de chacun des couplets de la longue complainte, la foule s'écriait en chœur:

Les Rois! Les Rois!
La part au bon Dieu, s'il vous plait!

Puis, le chant terminé, elle envahissait joyeusement les maisons, tandis que ceux qui s'y trouvaient, feignant une résistance, jetaient les chats du logis à la face des envahisseurs, et leur jouaient mille tours burlesques avant de leur permettre de s'asseoir au festin du gâteau.
Un autre sujet rappelle un autre usage qui voulait que le lendemain des banquets, le jour même de l'épiphanie, le Roi de la fève, donnant le bras à sa reine, se rendit en grand appareil à l'église paroissiale. Leurs Majestés éprouvant fréquemment le besoin de se restaurer, deux officiers se tenaient constamment à leurs côtés; c'étaient le Grand Panetier, portant sur son éventaire une pyramide de gâteaux, et le Grand Bouteiller. A chaque verre de vin, nous apprend Laisnel de la Salle, la foule, au moment où le roi l'avalait, criait à tue-tête:


Le Roi boit!

La marche triomphale était égayée par des intermèdes du Fol. ce personnage, dit M. de Langardière, ordinairement un jeune homme vif et facétieux, souvent couvert de paille, origine du mot paillasse, dansait et gambadait devant le Roi.
Une autre coutume étrange était en vigueur à Bourges, où l'on célébrait, dans les églises de la ville, la Fête de l'âne, le jour de l'adoration des Mages;
C'étaient les chanoines eux-même qui représentaient les Prophètes, annonçant la venue du Messie.
Balaam, le faux prophète, sur un âne richement harnaché, figurait parmi eux.
Il entrait dans le chœur, et faisait trois fois le tour du pupitre.
Cet usage, nous apprend Raynal, fut aboli en 1517.

Le petit Moniteur illustré, 13 janvier 1889.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire