L'origine des fiacres.
On est assez d'accord sur l'origine des fiacres. On en attribue généralement la création à un nommé Sauvage, lequel établit, en 1640 les premières voitures publiques pour le service intérieur de la ville.
Ces voitures se nommèrent dans le principe "carrosses à cinq sols", à cause du prix qu'on les payait à l'heure.
On appela bientôt fiacre, non seulement la voiture, mais le cocher. Voiture et cocher avaient, du reste, fort mauvaise renommée. Le conseiller Nemeitz, dans son Séjour à Paris, publié en 1727, a laissé un curieux portrait du fiacre de son temps:
"Les chevaux sont tellement harassez, écrit ce vénérable auteur, qu'à peine peuvent-ils marcher; le fond du coche n'est pas germé, ou bien les côtez sont trouez, et ce qui choque le plus, c'est que les fiacres ont toujours attaché une botte de foin, soit sur le devant, soit sur le derrière du coche, dont ils donnent une bouchée à leurs chevaux toutes les fois qu'ils font halte en quelque rue."
Plus tard on les appela "fiacres", suivant les uns, parce que Sauvage était allé s'établir à l'hôtel Saint-Fiacre, le nom passa de la demeure aux véhicules qui s'y étaient remisés; suivant d'autres, parce que les cochers avaient l'habitude de coller sur leurs voitures une image représentant saint Fiacre, sorte de talisman propre, paraît-il, à prévenir les accidents. La première explication est attestée par un contemporain, le père Labal:
"Je me souviens, écrit ce religieux, d'avoir connu le premier carrosse de louage qu'il y ait eu dans Paris. Il logeait dans la rue Saint-Antoine, A l'image Saint-Fiacre, d'où il prit son nom en peu de temps, nom qu'il a communiqué ensuite à tous ceux qui l'ont suivi."
Et plus loin, parlant des cochers:
"Ces gens, ajoute-t-il, sont grossiers pour la plupart, qui, en cas de besoin, vous jettent au nez mille impertinences et sottises."
Mercier n'en parle guère en meilleurs termes, et ce n'est qu'à la Révolution que les fiacres se transformèrent. Quant aux grèves des cochers, quelques-unes furent très importantes. Il y en eut une générale en 1878. Au siècle dernier, on en cite une singulière:
"Il y a quelques années, dit Mercier, il s'agissait de je ne sais quelle réforme. Les fiacres s'avisèrent d'aller tous, au nombre de presque dix-huit cents, voitures, chevaux et gens, à Choisy, où était le roi, pour lui présenter une requête. La cour fut fort surprise de voir dix-huit cents fiacres vide qui couvraient au loin la plaine. Cela donna une sorte d'inquiétude. On les congédia comme ils étaient venus. Les quatre représentants de l'ordre furent mis en prison, et l'on envoya l'orateur à Bicêtre avec son papier et sa harangue."
Voilà une façon expéditive de régler une grève!
Le petit Moniteur illustré, 17 février 1889.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire