Fréjus.
La ville de Fréjus, célèbre par les hommes illustres auxquels elle a donné naissance, fut, dans les temps anciens, une des plus opulentes cités de la Gaule; c'est un lieu classique qui doit à ses nombreuses antiquités la réputation dont il jouit de nos jours. César agrandit et embellit cette ville, alors la capitale des Oxibii; c'est pourquoi on l'appelait Forum Julii et Forum Julium, d'où s'est formé son nom moderne de Fréjuls, que l'on prononce aujourd'hui Fréjus.
Quoique distante de la mer d'environ deux milles, Fréjus possédait autrefois un port tellement vaste, que César y plaça une des flottes de l'empire romain pour la défense de toute la côte de la Méditerranée, et Auguste y envoya les trois cents vaisseaux qu'il avait pris sur Antoine à la bataille d'Actium. Ce port, qui aboutissait à la mer par un large canal dans lequel circulaient les navires, ferait sans doute encore prospérer Fréjus, si des hordes ennemies et dévastatrices n'avaient étendu leurs ravages sur cette malheureuse cité.
Les Sarrasins, qui s'étaient établis vers le Xe siècle aux environs de la Garde-Freynet, dans des lieux que l'on nomme aujourd'hui Montagnes des Maures, firent irruption sur Fréjus, brillant encore de tout son éclat. Ces barbares, qui ne laissaient après eux que des ruines, ne se contentèrent pas de le saccager, ils le réduisirent en cendres, et firent disparaître cette ville célèbre dont le territoire immense et fertile pouvait suffire à cent mille habitants. Les petits bâtiments pouvaient encore à cette époque entrer dans son port; mais en peu d'années, le sable, le limon et la vase, amenés par une espèce de torrent qu'on nomme la Rivière d'Argent, l'encombrèrent, et il est aujourd'hui tellement comblé, que la place où les vaisseaux venaient mouiller, ainsi que le prouvent les anneaux de bronze qui étaient destinés à les retenir, est aujourd'hui éloignée de la mer de plus d'une demi-lieue.
La Rivière d'Argent qui coule à l'est de Fréjus était connue des Romains sous le nom de Flumen Argenteum. Lépide campa sur ses bords pour en disputer le passage à l'armée d'Antoine; mais au lieu de le combattre, il s'unit avec lui contre le sénat. Les antiquités romaines que l'on trouve partout sur la route qui conduit à la ville, en attestent l'antique splendeur et l'importance. On y voit d'abord les ruines d'une tour carrée qui, à ce qu'on pense, était un phare; tout auprès sont des vestiges de bâtiments dont on ne peut dire quel était l'usage; plus loin, il y a encore une tour. En suivant les traces du vieux quai, comme pour aller vers la ville, on longe un ancien mur, et l'on arrive à une espèce de môle flanqué de quatre tours; ce môle paraît avoir été construit pour protéger les vaisseaux contre le mistral, vent du nord si redouté. Si l'on continue d'avancer dans la même direction, on aperçoit la Porte dorée.
Les habitants assurent que ce nom lui a été donné parce que l'on a découvert dans la maçonnerie des clous à tête dorée; on distingue en effet des restes de clous dont les têtes ont été enlevées. La bâtisse de cette porte est en brique et en petits moellons de granitelle, ou de la même serpentine dont on fait usage à Saint-Tropez; les assises de ces pierres et celles des briques alternent de la même manière qu'on l'observe dans presque tous les monuments romains. La Porte dorée servait de communication entre le port et la ville; c'est une espèce d'arc triomphal de grande dimension; son état prouve d'une manière étonnante la solidité de la maçonnerie romaine; un des piliers est dégradé au point de n'avoir plus que quelques pieds de diamètre, cependant il ne s'écrase pas sous le poids énorme qu'il supporte. Dans le mur d'une maison, derrière la Porte dorée, on voit un chapiteau dorique; il vient probablement de cette porte, ainsi qu'une tête mutilée en marbre, qui est placée sur un autre mur de la même maison.
Non loin de la porte de la Clède, du côté de la terre, sont les débris d'un ancien cirque. son plan est elliptique; l'enceinte est encore assez bien conservée, mais les sièges sont détruits; sa circonférence n'est que de 280 pas. L'arène enfouie sous 10 pieds de décombres est peut être restée intacte. On remarque à la partie supérieure, des restes de la corniche; une des pierres qui la composaient est percée d'un trou qui ne la traverse qu'à moitié; ces pierres trouées servaient, comme celles du théâtre d'Orange, à soutenir les perches auxquelles on attachait les toiles destinées à mettre les spectateurs à l'abri du soleil. La frise était ornée de sculptures, ainsi qu'on peut en juger par un fragment qui y a été trouvé. Plus loin, à environ 500 pas, dans un lieu appelé Villeneuve, est une tour dont les murs sont très-épais, et dans laquelle on voit de petites niches qui, sans doute, étaient destinées à recevoir des urnes. Cet édifice est connu sous le nom de Panthéon. Il existe encore de nombreux vestiges du grand aqueduc que les Romains avaient fait pour amener les eaux de la Siagne; il est quelquefois porté par deux rands d'arcades; on en a démoli plusieurs pour en employer les matériaux à des édifices particuliers. On remarque entre autres, à Fréjus, douze arcades qui ont 34 pieds de base à la naissance du cintre, et une autre arcade, haute de 9 toises, qui soutient un conduit couvert de la hauteur de près de 6 pieds; c'était celle de tout le canal. En s'éloignant de la ville jusqu'à la naissance de l'aqueduc, les arcades s'abaissent; le canal, caché sous la terre, reparaît ensuite; il traverse des rochers, et prend l'eau à Monts, après avoir parcouru dans ses détours un espace d'environ 15 lieues de France, quoiqu'il n'y en ait que 7 de Monts à Fréjus, en ligne droite. Si ce magnifique ouvrage atteste le génie et la grandeur des Romains, combien ne doit-il pas humilier les hommes qui foulent aujourd'hui cette même terre? Ces maîtres du monde ayant reconnu l'avantage que leur donnaient la douceur du climat de Fréjus et son heureuse situation, résolurent d'y former un grand établissement. Un môle procura un abri au port, de vastes magasins furent construits pour les approvisionnements, un immense aqueduc pour amener une eau saine, et de belles conserves pour la réunir et la charger sur des vaisseaux. Les habitants d'un lieu d'ailleurs si favorisé par la nature ont laissé périr ces beaux établissements; il eut été facile de rétablir les canaux bâtis par les Romains; l'insalubrité de l'air produite par le manque d'eau a moissonné cent fois plus de personnes qu'il n'en aurait fallu pour exécuter ces travaux, et aucune voix de n'est élevé pour proposer de les entreprendre.
Mais à défaut de ce bel aqueduc, dit un voyageur moderne, il resterait encore à Fréjus un moyen de se procurer de l'eau potable. A peine est-on sorti de la ville, qu'on voit plusieurs sources jaillir des flancs de la montagne. Les habitants pourraient employer la méthode dont on fait usage dans la Forêt-Noire, en Souabe; pour conduire l'eau à des distances très-considérables, on ne s'y sert que de conduits faits avec des troncs d'arbres résineux, qu'on perce dans leur longueur et qu'on ajuste bout à bout. Ces conduits sont placés sous terre, et renouvelés autant de fois qu'il le faut, ce qui n'a pas de grands inconvénients dans un pays où le bois abonde; les forêts des montagnes des Maures et de l'Esterel pourraient en fournir une grande quantité. Il semble que les habitants de Fréjus attendent un miracle de la Providence; ils ne font rien pour combattre les fléaux dont ils sont sans cesse menacés; les marais chargent l'air de miasmes pestilentiels, et il n'y a pas bien longtemps encore que les fièvres enlevaient chaque année un sixième de la population.
Toutefois, s'il faut en croire un récent ouvrage, cette situation s'améliorerait de jour en jour; il n'existerait plus qu'un marais à Fréjus, celle de Ville-Pey, à cinq milles environs de distance, et sa position topographique est telle qu'aucun vent ne peut en apporter les émanations sur la ville:
"Qu'il me soit permis d'exprimer mon étonnement de ce que les géographes modernes persistent à signaler Fréjus comme un pays malsain, s'écrie l'auteur; ce fut une vérité jadis, maintenant c'est une erreur. Il est des choses qu'on ne répète sans légèreté que par la raison qu'elles sont dites une fois. Non, Fréjus n'est pas une ville malsaine, comme le dit Voltaire, et le cardinal de Fleury ne s'intitulerait plus évêque de Fréjus par l'indignation divine. Nous possédons des fontaines qui, sous le rapport de l'assainissement tiennent lieu de l'aqueduc romain."
Quoi qu'il en soit, le terroir de Fréjus est le plus fertile de la Provence; c'est une véritable terre promise; les citronniers et les orangers y prospèrent; les aloès qui croissent sur les bords des chemins annoncent la douceur du climat. Le territoire qui environne la ville est une vaste plaine, laquelle s'étend du couchant au midi, bordée par une chaîne de montagnes qui se termine à la mer. Dans les nombreuses fouilles qu'on y a faites, on a découvert en différents temps diverses antiquités; on peut citer, entre autres, des inscriptions qui remontent au règne d'Auguste, une statue, dite Vénus Uranie, qui a été envoyée à Paris, un buste de Janus en marbre dont la ville fit présent au cardinal de Fleury. On a également trouvé au terroir des Arcs une rangée de petits vases de terre renfermant des cendres; il y avait aussi un médaillon de terre cuite qui représentait un lion terrassé par un génie. Dans l'église épiscopale de Fréjus, consacrée à saint Etienne, gros bâtiment gothique, de plan fort irrégulier, se trouve, à côté de l'entrée, le baptistère, petit édifice rond, soutenu par huit colonnes de granit noir très-dur, avec des chapiteaux en marbre blanc; on croit que cette église est un ancien temple, et rien ne dément cette conjecture; on y remarque aussi un sarcophage chrétien, orné de trois sujets sculptés en relief, parmi lesquels, on reconnaît Adam et Eve. Il existe dans cette église un tableau qui rappelle un trait rapporté par les auteurs qui ont écrit la vie de saint François de Paule. En abordant sur le rivage, il apprit que la peste exerçait ses ravages dans Fréjus; il l'en écarta par ses prières, et la ville attribue à son intercession d'avoir été souvent préservée de ce fléau.
Quoique distante de la mer d'environ deux milles, Fréjus possédait autrefois un port tellement vaste, que César y plaça une des flottes de l'empire romain pour la défense de toute la côte de la Méditerranée, et Auguste y envoya les trois cents vaisseaux qu'il avait pris sur Antoine à la bataille d'Actium. Ce port, qui aboutissait à la mer par un large canal dans lequel circulaient les navires, ferait sans doute encore prospérer Fréjus, si des hordes ennemies et dévastatrices n'avaient étendu leurs ravages sur cette malheureuse cité.
Les Sarrasins, qui s'étaient établis vers le Xe siècle aux environs de la Garde-Freynet, dans des lieux que l'on nomme aujourd'hui Montagnes des Maures, firent irruption sur Fréjus, brillant encore de tout son éclat. Ces barbares, qui ne laissaient après eux que des ruines, ne se contentèrent pas de le saccager, ils le réduisirent en cendres, et firent disparaître cette ville célèbre dont le territoire immense et fertile pouvait suffire à cent mille habitants. Les petits bâtiments pouvaient encore à cette époque entrer dans son port; mais en peu d'années, le sable, le limon et la vase, amenés par une espèce de torrent qu'on nomme la Rivière d'Argent, l'encombrèrent, et il est aujourd'hui tellement comblé, que la place où les vaisseaux venaient mouiller, ainsi que le prouvent les anneaux de bronze qui étaient destinés à les retenir, est aujourd'hui éloignée de la mer de plus d'une demi-lieue.
La Rivière d'Argent qui coule à l'est de Fréjus était connue des Romains sous le nom de Flumen Argenteum. Lépide campa sur ses bords pour en disputer le passage à l'armée d'Antoine; mais au lieu de le combattre, il s'unit avec lui contre le sénat. Les antiquités romaines que l'on trouve partout sur la route qui conduit à la ville, en attestent l'antique splendeur et l'importance. On y voit d'abord les ruines d'une tour carrée qui, à ce qu'on pense, était un phare; tout auprès sont des vestiges de bâtiments dont on ne peut dire quel était l'usage; plus loin, il y a encore une tour. En suivant les traces du vieux quai, comme pour aller vers la ville, on longe un ancien mur, et l'on arrive à une espèce de môle flanqué de quatre tours; ce môle paraît avoir été construit pour protéger les vaisseaux contre le mistral, vent du nord si redouté. Si l'on continue d'avancer dans la même direction, on aperçoit la Porte dorée.
Les habitants assurent que ce nom lui a été donné parce que l'on a découvert dans la maçonnerie des clous à tête dorée; on distingue en effet des restes de clous dont les têtes ont été enlevées. La bâtisse de cette porte est en brique et en petits moellons de granitelle, ou de la même serpentine dont on fait usage à Saint-Tropez; les assises de ces pierres et celles des briques alternent de la même manière qu'on l'observe dans presque tous les monuments romains. La Porte dorée servait de communication entre le port et la ville; c'est une espèce d'arc triomphal de grande dimension; son état prouve d'une manière étonnante la solidité de la maçonnerie romaine; un des piliers est dégradé au point de n'avoir plus que quelques pieds de diamètre, cependant il ne s'écrase pas sous le poids énorme qu'il supporte. Dans le mur d'une maison, derrière la Porte dorée, on voit un chapiteau dorique; il vient probablement de cette porte, ainsi qu'une tête mutilée en marbre, qui est placée sur un autre mur de la même maison.
Non loin de la porte de la Clède, du côté de la terre, sont les débris d'un ancien cirque. son plan est elliptique; l'enceinte est encore assez bien conservée, mais les sièges sont détruits; sa circonférence n'est que de 280 pas. L'arène enfouie sous 10 pieds de décombres est peut être restée intacte. On remarque à la partie supérieure, des restes de la corniche; une des pierres qui la composaient est percée d'un trou qui ne la traverse qu'à moitié; ces pierres trouées servaient, comme celles du théâtre d'Orange, à soutenir les perches auxquelles on attachait les toiles destinées à mettre les spectateurs à l'abri du soleil. La frise était ornée de sculptures, ainsi qu'on peut en juger par un fragment qui y a été trouvé. Plus loin, à environ 500 pas, dans un lieu appelé Villeneuve, est une tour dont les murs sont très-épais, et dans laquelle on voit de petites niches qui, sans doute, étaient destinées à recevoir des urnes. Cet édifice est connu sous le nom de Panthéon. Il existe encore de nombreux vestiges du grand aqueduc que les Romains avaient fait pour amener les eaux de la Siagne; il est quelquefois porté par deux rands d'arcades; on en a démoli plusieurs pour en employer les matériaux à des édifices particuliers. On remarque entre autres, à Fréjus, douze arcades qui ont 34 pieds de base à la naissance du cintre, et une autre arcade, haute de 9 toises, qui soutient un conduit couvert de la hauteur de près de 6 pieds; c'était celle de tout le canal. En s'éloignant de la ville jusqu'à la naissance de l'aqueduc, les arcades s'abaissent; le canal, caché sous la terre, reparaît ensuite; il traverse des rochers, et prend l'eau à Monts, après avoir parcouru dans ses détours un espace d'environ 15 lieues de France, quoiqu'il n'y en ait que 7 de Monts à Fréjus, en ligne droite. Si ce magnifique ouvrage atteste le génie et la grandeur des Romains, combien ne doit-il pas humilier les hommes qui foulent aujourd'hui cette même terre? Ces maîtres du monde ayant reconnu l'avantage que leur donnaient la douceur du climat de Fréjus et son heureuse situation, résolurent d'y former un grand établissement. Un môle procura un abri au port, de vastes magasins furent construits pour les approvisionnements, un immense aqueduc pour amener une eau saine, et de belles conserves pour la réunir et la charger sur des vaisseaux. Les habitants d'un lieu d'ailleurs si favorisé par la nature ont laissé périr ces beaux établissements; il eut été facile de rétablir les canaux bâtis par les Romains; l'insalubrité de l'air produite par le manque d'eau a moissonné cent fois plus de personnes qu'il n'en aurait fallu pour exécuter ces travaux, et aucune voix de n'est élevé pour proposer de les entreprendre.
Mais à défaut de ce bel aqueduc, dit un voyageur moderne, il resterait encore à Fréjus un moyen de se procurer de l'eau potable. A peine est-on sorti de la ville, qu'on voit plusieurs sources jaillir des flancs de la montagne. Les habitants pourraient employer la méthode dont on fait usage dans la Forêt-Noire, en Souabe; pour conduire l'eau à des distances très-considérables, on ne s'y sert que de conduits faits avec des troncs d'arbres résineux, qu'on perce dans leur longueur et qu'on ajuste bout à bout. Ces conduits sont placés sous terre, et renouvelés autant de fois qu'il le faut, ce qui n'a pas de grands inconvénients dans un pays où le bois abonde; les forêts des montagnes des Maures et de l'Esterel pourraient en fournir une grande quantité. Il semble que les habitants de Fréjus attendent un miracle de la Providence; ils ne font rien pour combattre les fléaux dont ils sont sans cesse menacés; les marais chargent l'air de miasmes pestilentiels, et il n'y a pas bien longtemps encore que les fièvres enlevaient chaque année un sixième de la population.
Toutefois, s'il faut en croire un récent ouvrage, cette situation s'améliorerait de jour en jour; il n'existerait plus qu'un marais à Fréjus, celle de Ville-Pey, à cinq milles environs de distance, et sa position topographique est telle qu'aucun vent ne peut en apporter les émanations sur la ville:
"Qu'il me soit permis d'exprimer mon étonnement de ce que les géographes modernes persistent à signaler Fréjus comme un pays malsain, s'écrie l'auteur; ce fut une vérité jadis, maintenant c'est une erreur. Il est des choses qu'on ne répète sans légèreté que par la raison qu'elles sont dites une fois. Non, Fréjus n'est pas une ville malsaine, comme le dit Voltaire, et le cardinal de Fleury ne s'intitulerait plus évêque de Fréjus par l'indignation divine. Nous possédons des fontaines qui, sous le rapport de l'assainissement tiennent lieu de l'aqueduc romain."
Quoi qu'il en soit, le terroir de Fréjus est le plus fertile de la Provence; c'est une véritable terre promise; les citronniers et les orangers y prospèrent; les aloès qui croissent sur les bords des chemins annoncent la douceur du climat. Le territoire qui environne la ville est une vaste plaine, laquelle s'étend du couchant au midi, bordée par une chaîne de montagnes qui se termine à la mer. Dans les nombreuses fouilles qu'on y a faites, on a découvert en différents temps diverses antiquités; on peut citer, entre autres, des inscriptions qui remontent au règne d'Auguste, une statue, dite Vénus Uranie, qui a été envoyée à Paris, un buste de Janus en marbre dont la ville fit présent au cardinal de Fleury. On a également trouvé au terroir des Arcs une rangée de petits vases de terre renfermant des cendres; il y avait aussi un médaillon de terre cuite qui représentait un lion terrassé par un génie. Dans l'église épiscopale de Fréjus, consacrée à saint Etienne, gros bâtiment gothique, de plan fort irrégulier, se trouve, à côté de l'entrée, le baptistère, petit édifice rond, soutenu par huit colonnes de granit noir très-dur, avec des chapiteaux en marbre blanc; on croit que cette église est un ancien temple, et rien ne dément cette conjecture; on y remarque aussi un sarcophage chrétien, orné de trois sujets sculptés en relief, parmi lesquels, on reconnaît Adam et Eve. Il existe dans cette église un tableau qui rappelle un trait rapporté par les auteurs qui ont écrit la vie de saint François de Paule. En abordant sur le rivage, il apprit que la peste exerçait ses ravages dans Fréjus; il l'en écarta par ses prières, et la ville attribue à son intercession d'avoir été souvent préservée de ce fléau.
Fréjus a vu naître dans ses murs Cornélius Gallus, poëte et général qui commandait en Egypte sous Auguste, et fut condamné à mort pour trahison; Julius Græcinus, qui a composé sur l'agriculture, des ouvrages mentionnés par Pline; Julius Agricola, dont Tacite, son gendre, a si bien peint la vertu modeste et la sage modération; Valère Paullin, l'ami de Vespasien; et Quintus Roscius, acteur accompli, qui, par la pureté de ses mœurs et l'éclat de ses talents, mérita l'amitié de Cicéron. C'est aussi à Fréjus que la frégate la Muiron descendit le général Bonaparte à son retour d'Egypte; les habitants se pressèrent autour de lui, le portèrent en triomphe, et prirent sur eux de le dispenser de la quarantaine; faveur qui lui avait été refusé sur plusieurs points de la côte.
A. M.
Le Magasin universel, mars 1837.
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