Marié vingt-sept fois.
Un homme qui a déjà enterré vingt-six femmes et qui en trouve une vingt-septième assez brave ou assez peu superstitieuse pour risquer la même aventure que ses devancières, cela ne se rencontre pas tous les jours. C'est pourtant le cas de Benedetto Rozzi, âgé maintenant de soixante-dix-neuf ans, et qui porte vertement son âge et ses veuvages non loin de Gênes, dans le petit village de Palmaro.
Il est vrai que Francesca Banardi, qui est devenue sa femme la semaine dernière, et qui marche sur ses soixante dix ans, avait déjà enterré dix-neufs maris pour sa part. Les deux époux sont donc dignes l'un de l'autre. Les noces furent très gaies. Le marié et la mariée y sont allés chacun d'un joyeux couplet à l'ancienne mode; et la plaisanterie d'invités qui courut toute la soirée autour de la table du festin, consistait à faire des devinettes pour savoir qui des deux enterrerait l'autre. Ni l'un, ni l'autre, du reste, ne semblait avoir envie de mourir.
Le père Rozzi cultive un tout petit bien dont il est propriétaire. Il dit qu'il n'a jamais pu s'enrichir parce que toutes ses économies ont successivement passé à payer des frais d'enterrements et de noces.
Et c'est pour la même raison que la mère Banardi n'a pu lui apporter d'autre dot que ses dix-neufs bouquets de mariée, qu'elle pieusement conservés.
Mon Dimanche, revue populaire illustré, 19 mars 1905.
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