Les baraques du boulevard et les jouets de l'année.
Nous avons fait notre promenade habituelle à travers les baraques du Jour de l'An, et nous avons pu constater que l'ingéniosité de la petite industrie parisienne s'était une fois de plus donné libre carrière.
Nous devons nous borner toutefois à une rapide énumération.
Les jouets mécaniques à bon marché et dont le mouvement est obtenu par des moyens très simples sont de plus en plus nombreux.
Voici la promeneuse élégante s'abritant sous une ombrelle, agitant un éventail et marchant droit devant elle avec un petit air crâne, tout à fait réjouissant.
Une servante accorte pousse vaillamment une minuscule voiture où se trouve un bébé lilliputien; une autruche du Jardin d'acclimatation traîne une fringante charrette de promenade et fait mouvoir ses grandes jambes avec un naturel parfait; un garçon de magasin, monté sur un tricycle va faire rapidement livraison des marchandises que renferme le petit caisson annexé au vélocipède; un joli cygne, agitant ses ailes et son cou, remorque un enfant placé dans un petit carrosse de féerie.
C'est généralement le genre de moteur de la petite locomotive routière qui est appliqué à ces jouets animés.
A voir aussi un danseur et une danseuse qui se font vis-à-vis et se livrent à des entrechats d'un imprévu fort comique.
La vogue des petits duellistes se "fendant" alternativement, et se portant force coups de sabre avec une rage féroce, ne paraît pas épuisée, et ces fantoches se voient partout.
Un modeste inventeur a rajeuni le "truc" du pantin, pompier ou singe, qui grimpe le long d'une cordelette dont on n'a qu'à tirer doucement l'extrémité; c'est maintenant un fort gentil ballon, avec nacelle et aéronaute, qui exécute autant d'ascensions que l'on veut le long de la cordelette. Ce n'est rien et c'est charmant.
Autre fantaisie du prix le plus modique et d'un effet bizarre. un petit bonhomme en papier, pourvu d'un grand chapeau rouge ou vert, posé à plat ventre sur une surface lisse, se met à glisser avec une surprenante facilité à la moindre secousse.
Cela s'appelle la Question Boulanger. De Boulanger, pas l'ombre; mais dans le chapeau du bonhomme se trouve la "boule en jais" qui lui permet de glisser. C'est affreux comme calembour; c'est très drôle comme effet mécanique.
Nous avons revu avec plaisir le petit chien dont les bonds comiques sont obtenus par l'air contenu dans une boule en caoutchouc.
La cartouche Lebel, qui n'est pas un jouet, mais une fantaisie utile, puisqu'elle renferme soit un canif, soit un crayon, est également fort curieuse.
Il y a bien d'autres jouets dans les baraques du Jour de l'An et cette promenade des boulevards est toujours curieuse, variée et amusante, à la condition qu'on ne soit pas pressé.
Le petit Moniteur illustré, 6 janvier 1889.
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