Les surprises du dernier recensement.
Les résultats du dernier recensement de 1901 qui viennent d'être publiés accusent une population de 38.597.684 habitants dont 1.038.871 étrangers. L'image que voici montre comment les étrangers se répartissent par nationalité, décompte fait d'un bloc de 57.842 étranger "divers" comprenant une centaine de nationalités, dont les ressortissants sont en nombre trop petit pour figurer en détail.
Il se produit depuis une quinzaine d'années un phénomène singulier, bien que la population des autres nations du monde augmente d'une façon régulière et parfois intense, comme en Allemagne et en Russie, le nombre des étrangers diminue notablement en France; il y en a eu en 1901, 92.000 de moins qu'en 1891 et s'il n'y avait pas augmentation de certains côtés, la différence serait beaucoup plus sensible.
En 1891, il y avait 465.860 Belges, on n'en trouve plus, en 1901, que 323.390, soit 142.470 de moins. Où sont passés ces 142.470 Belges?
Les Suisses étaient en France au nombre de 83.117; il n'y en a , dix ans plus tard, que 72.042, soit 1.100 environ de moins.
Les Anglais ont diminué de 2.800 et les Luxembourgeois de 10.000.
Par contre les Allemands ont augmenté de 6.400; les Italiens de 44.000; les Espagnols de 2.800.
Il y a donc grande diminution d'une part, moyenne augmentation d'autre part et, cette sorte de virement des nationalités avec mouvement rétrograde des étrangers est attribué dans le rapport officiel, d'où proviennent ces chiffres à l'assimilation des étrangers, à la nationalisation française. Or le nombre des naturalisations n'a guère augmenté depuis dix ans. Et nous nous demandons s'il ne faut pas voir dans cet exode de la population étrangère, des ouvriers surtout, l'influence des syndicats qui rendraient ainsi plus qu'on ne le croît des services à l'industrie nationale.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 6 janvier 1907.
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