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samedi 23 janvier 2016

Le commencement d'un grand règne.

Le commencement d'un grand règne.
                (Bataille de Taillebourg)


Saint-Louis n'ayant que douze ans à la mort de son père, la régence appartenait, d'après les lois féodales, à son oncle Philippe  le Hurepel, comte de Boulogne. Mais le cardinal de Sainte-Ange, légat du pape, et le connétable Mathieu de Montmorency, appuyés par plusieurs prélats influents, assurèrent la régence à la reine mère, conformément aux dernières volontés de Louis VIII.
Une terrible ligue se forma pour disputer le pouvoir à Blanche de Castille. On y remarquait Pierre Mauclerc, duc de Bretagne, qui aimait mieux reconnaître comme suzerain le roi d'Angleterre que le roi de France; Hugues de Lusignan, comte de la Marche, poussé à la révolte par sa femme Isabelle d'Angoulème, veuve de Jean sans Terre; Raymond VII, comte de Toulouse, qui avait à se venger de la guerre de Louis VIII; enfin le comte de Champagne, Thibaud VI, tour à tour entraîné à la rébellion par le désir de la vengeance, et ramené à l'ordre par l'autorité de la régente.
Blanche de Castille déconcerta tous les plans de ses ennemis, et put même au plus fort des intrigues faire sacrer son fils à Reims, et terminer la guerre des Albigeois. Le plus obstiné de ses adversaires était le duc de Bretagne: elle le fit citer à la cour des pairs comme coupable de félonie; mais il n'eut garde d'y comparaître, et la sentence des juges qui le condamnèrent aurait eu sans doute peu d'effet, si Mauclerc avait été bien soutenu par l'Angleterre.
Mais Henri III était un prince peu capable d'opposer une longue résistance à des ennemis tels que saint-Louis. Le duc demanda et obtint une trêve qu'il observa pendant trois ans; il la rompit alors et se vit aussitôt vigoureusement attaqué par saint-Louis: le roi vainqueur lui laissa la vie sauve, mais à condition que ses domaines reviendraient à la France après la mort de son fils, et qu'il irait pendant cinq ans servir en Palestine contre les Infidèles (1234). Le comte de champagne fut réduit à entreprendre un semblable voyage en 1240, pour avoir repris les armes contre le roi, en même temps que le comte de Lusignan et le comte de Toulouse.
Le roi d'Angleterre remplaça Thibaut de Champagne dans cette nouvelle ligue, et la royauté se trouva encore en péril: saint Louis fondit comme l'aigle sur le Poitou, où les coalisés avaient réuni leurs forces, et enleva, l'épée haute, plusieurs places de cette contrée. L'armée anglaise, arrivée trop tard, était postée derrière la Charente: le roi franchit cette rivière au pont de Taillebourg, après un combat meurtrier et remporta une seconde victoire sous les murs de Saintes (1242).



Henri III s'enfuit en toute hâte au delà de la Garonne, laissant les débris de ses troupes au vainqueur, et s'estimant trop heureux d'obtenir une trêve de cinq ans. Une maladie soudaine empêcha saint Louis de poursuivre ses succès; mais les deux victoires de Taillebourg et de Saintes avaient suffi pour effrayer ses ennemis: tous se soumirent et parurent pleins d'admiration pour un roi qui déployait autant de courage dans les combats qu'il mettait d'habileté dans les négociations et montrait de vertu dans la vie privée.

                                                                                                               L'abbé P. Mury.

L'Illustré pour tous, choix de bonnes lectures, 16 août 1885.

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