Pour ne pas désobéir à Mahomet.
La plupart des petits chefs nègres sénégalais sont musulmans et ne peuvent par conséquent boire d'alcool. Mais, disent ces rusés moricauds, si le Coran défend d'absorber l'alcool à boire, il est tout à fait muet au sujet de la parfumerie!
Aussi font-ils un usage fréquent de nos meilleures essences parisiennes, toutes à base d'alcool. Ils aiment surtout l'eau de Cologne, l'eau de Botot et le Lubin. Ces palais noirs trouvent excellent ces breuvages qui sont consommés soit purs, soit, plus rarement, avec de l'eau, comme apéritif; apéritifs de luxe, que seuls, nous l'avons dit, les chefs et les riches indigènes ont les moyen de s'offrir.
Il y a ainsi, sur les côtes du Sénégal, non loin de Dakar, un roitelet musulman et nègre, qui peut rivaliser avec le plus invétéré des alcooliques de l'Europe; on le rencontre éternellement ivre-mort et, pourtant, Mahomet ne peut rien contre lui, puisqu'il ne boit que du Lubin...
Voilà un nouvel usage des odeurs, usage que nos charmantes Parisiennes ne soupçonnaient certainement pas.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 26 janvier 1908.
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