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mardi 8 décembre 2015

Défiez-vous de l'étincelle.

Défiez-vous de l'étincelle.

Un charbon embrasé s'échappe d'une pelle à feu ou de la pincette qui emporte un tison, et tombe sur un tablier, une robe, un jupon. Il fait un trou dans l'étoffe, et c'est tout. Le mal ne va pas au delà; ce n'est qu'une perte d'argent.
Mais une légère étincelle s'élance d'un brasier ardent sur les vêtements d'une dame endormie depuis quelque temps tout contre la cheminée; aussitôt la malheureuse est enveloppée par les flammes: elle est perdue!
Combien, de fois chaque hiver les journaux ne raconte-ils pas d'accidents de cette nature!
Les victimes, qui avaient certainement vu les effets insignifiants d'un morceau de braise sur une étoffe froide, ne se doutaient pas des effets funestes d'une étincelle sur une masse de vêtement très-chauds.
On est frileuse, on s'est rapproché le plus possible d'un bon feu ardent; on est seule, on s'ennuie; on est gagnée par le sommeil, on s'endort sans s'être reculée. Au bout de peu de temps les vêtements s'échauffent fortement et dans toute leur épaisseur; les portions les plus proches du foyer deviennent brûlantes à la main; elle sont prêtes à roussir et à émettre des éléments gazeux. Qu'une étincelle arrive; elle décide une petite explosion sur le point touché; il y naît à l'instant une bulle de flamme qui se propage comme une traînée de poudre par toute la surface des vêtements surchauffés. Cruel réveil, et mortel!
Le même fait peut avoir lieu lorsqu'une dame se rapproche de la glace de la cheminée, et s'y attarde pour rattacher une boucle d'oreille défaite ou réparer un dérangement de coiffure.
A plus forte raison y a-t-il danger lorsqu'une petite fillette monte sur le garde-feu, et s'exhausse pour admirer son chapeau neuf ou mettre des fleurs dans ses cheveux. N'y eût-il qu'un tison presque éteint dans les cendres, il suffira qu'il soit touché par le bas du jupon d'étoffe légère échauffée dans l'air chaud du foyer, pour que le feu se communique aux vêtements à la vue des parents, qui ne parviendront presque jamais à sauver leur infortunée jeune fille.

Le Magasin pittoresque, janvier 1875.

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