Les femmes marocaines ont bien de la chance.
La plupart des habitants du Maroc ne sont pas de race arabe, mais appartiennent à la tribu des Berbères, d'origine indo-germanique. Quoiqu'ayant adopté la religion musulmane, les Berbères ne traitent pas leurs femmes à la manière turque. En voyant une femme berbère on est loin de penser à une pauvre fleur étiolée derrière les grillages et les moucharabis des harems cherchant vainement à obtenir un peu d'air et de lumière.
Au Maroc, on ne voit pas de ces tristes créatures: on voit, au contraire, de belles femmes le visage non voilé, bien développées et pleine de confiance en elles-mêmes. Ces femmes sont la majorité au Maroc. On en évalue le nombre à deux millions.
Dans les tribus berbères, c'est la mère qui donne le rang du fils. L'enfant d'une esclave sera toujours un esclave et le fils d'une femme noble sera un gentilhomme quel que puisse être son père. Le fils aîné n'est pas l'héritier de la famille, c'est la fille aînée, et même dans plusieurs tribus, c'est la femme qui gouverne sans contestation.
Les Berbères consultent leurs femmes pour toutes les affaires importantes et même chez les Touaregs dans le sud du Maroc, elles ont une telle prépondérance qu'il n'y a pas dans le monde entier de femmes plus privilégiées. La femme est sous tous les rapports l'égale de l'homme et, même c'est la femme et non l'homme, qui s'occupe des affaires de la famille, l'homme ne s'inquiète que de celles de l'Etat.
Ces femmes-là sont de vraies amazones, accompagnant leurs maris à la chasse, montant chevaux et chameaux et prenant part à toutes les périlleuses expéditions. Fait extraordinaire à noter: c'est que tous les Touaregs, hommes et femmes, savent lire et écrire.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 1er mars 1908.
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