L'art dans l'annonce.
Les commerçants sont des gens pressés. Ils négligent trop souvent une adroite réclame et oublient, les trois quarts du temps, qu'une enseigne savamment rédigée, propre à forcer l'attention du public, est déjà la moitié du succès.
Quelques enseignes, cependant, se distinguent, par leur originalité.
Ainsi dans un faubourg du nord de Londres on peut lire avec quelque surprise:
"Poisson frit, saucisse, haricot. - Leçons de musique, piano et violon."
A la porte d'un restaurant de Whitechapel, toujours à Londres:
"Maison renommée pour sa cuisine mangeable."
Nous découpons encore, dans un journal suisse, cette annonce parue en quatrième page:
"Hôtel dans un site des plus pittoresques, à cent mètres du commissariat de police. Un médecin est attaché à l'établissement, dont le bar anglais, extrêmement fourni, offre des attractions telles que bien peu de consommateurs le quittent de leur plein gré."
A Paris, on pouvait voir, il y a quelques années, aux alentours de la place Saint-Michel, se détacher sur une enseigne, ces mots alléchants:
"Restaurant du Pied de mouton".
Et un peu plus bas, on lisait: "Pédicure."
Nous connaissons encore, dans un quartier que nous ne désignerons pas, un "Hôtel-Restaurant, à cinq minutes du cimetière."
Voila qui rappelle le fameux restaurant de "l'Instar", et ce café des Deux-Magots où Mürger, facétieux, entrait un jour et demandait au patron d'appeler son associé auquel il avait à dire deux mots.
- Mais, monsieur, je suis seul, je n'ai pas d'associé!
- Cependant, répliquait Mürger, j'ai bien lu sur votre enseigne: "Aux deux Magots!"
Mais cela, c'est de l'histoire...
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 1er mars 1908.
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