Le vieil orme de Salernes.
(Var)
(Var)
Cet orme a été planté en 1683, en face d'une église construite du temps de la reine Jeanne. En notre siècle, un savetier y avait établi sa demeure. Un jour en 1868, une étincelle échappée du poêle de ce pauvre homme mit le feu aux parties mortes du bois. L'orme brûla pendant vingt-quatre heures; on le tenait pour mort. Or, il arriva au contraire que, débarrassé de ses rugosités et rajeuni en quelque sorte, il ne s'en porta que mieux. Son feuillage d'un vert sévère est un sujet d'admiration pour les étrangers et d'orgueil pour les habitants.
On ne croit pas, du reste, qu'il se rattache à sa plantation et à sa vie aucune légende ou anecdote digne d'intérêt. On suppose qu'un bon échevin l'aura fait planter simplement pour donner de l'ombre à la place. Aucun poëte ne l'a chanté, et il n'est guère cité que dans ces lignes d'un guide moderne:
"De la place du Pré, dit M. Bunel (1), on entre dans une autre plus petite, le Marché. Un orme deux fois séculaire élève, au milieu de la place, sa tête vénérable; il montrait naguère à la génération présente son front chauve, ses flancs creux et desséchés, comme pour lui reprocher de ne pas protéger la vieillesse de celui qui, jadis, avait protégé les danses et les jeux de ses ancêtres. Ce langage muet a été compris. Un toit en zinc est venu couvrir les plaies du vieillard, et pour lui éviter les affronts d'une jeunesse mal élevée, un savetier, en plaçant sa boutique dans le creux de l'arbre rustique, s'en est constitué le gardien. Le soir, en même temps qu'il préserve de toute profanation cet étroit réduit, il y enferme son baquet, son tabouret et sa manique."
(1) Promenades pittoresques, descriptives et historiques du département du Var (année 1853).
Le Magasin pittoresque, mai 1875.
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