L'école Cochin.
Parmi les noms que l'oubli ne saurait atteindre, protégés qu'ils sont par la reconnaissance publique, Paris, depuis un siècle et plus, signale à la vénération de ses enfants celui d'une famille où la même ardente charité se transmet de génération en génération comme un titre de noblesse.
C'est de la famille Cochin qu'il s'agit.
A l'époque où l'abbé Jean-Denis Cochin fut appelé à la cure de Saint-Jacques du Haut-Pas, en 1756, la paroisse qu'il venait administrer à l'âge de trente ans était en grande partie habitée par des ouvriers qui exploitaient les carrières situées dans le voisinage du faubourg Saint-Jacques. Leur périlleux métier les exposait journellement à des accidents d'une extrême gravité, auxquels s'ajoutait l'impossibilité de secours immédiats. Il n'existait aucune infirmerie dans le quartier où l'on pût recevoir et soigner les blessés; il fallait, quelque fût le pitoyable état de ceux-ci, leur faire subir la torture d'un transport depuis le lieu de l'accident jusqu'à l'Hôtel-Dieu, transport chanceux et trajet si long que plus d'une victime n'arriva pas vivante au terme de cette voie douloureuse.
Le digne curé, ému de compassion pour ces victimes du travail, aliéna tout ce qu'il possédait, stimula la charité publique, et l'hôpital qui porte son nom fut fondé. Son frère, Claude-Denis Cochin fut, ainsi que son père, promu par l'élection à tous les emplois gratuits et charitables que pouvait alors conférer l'honorable titre de bourgeois de Paris. Il légua à son fils Jacques-Denis Cochin l'exemple de ses vertus modestes et de ses bonnes actions, et l'héritier se montra digne de cette glorieuse portion de son patrimoine. Puis vint le plus illustre de ces bienfaiteurs de Paris, Jean-Denis-Marie Cochin. Nommé maire du douzième arrondissement, il fut profondément touché de la misérable condition des petits enfants pauvres que leurs mères, ouvrières à la journée, étaient forcées d'abandonner pendant les heures de travail à l'atelier. Il suffisait qu'une infortune frappât ses yeux pour faire jaillir de son esprit, toujours porté vers le bien, une inspiration généreuse. De là l'origine des salles d'asile, dont il fut le fondateur (1)
Une autre misère des enfants, qui est encore aujourd'hui celle de bien des hommes, le défaut d'instruction primaire, intéressa aussi la philanthropie de M. Cochin. Il fit construire à ses frais, sur des terrains achetés par lui dans l'un des quartiers les plus déshérités de Paris (le quartier Croulebarbe), une école pour les enfants pauvres des deux sexes; sous le nom de salle d'asile modèle, elle devait former la première division d'un grand établissement primaire. Plus tard, quand la ville de Paris prit la direction des salles d'asile et des écoles communales, le fondateur lui fit don des bâtiments et du terrain, à condition que, continuatrice de son oeuvre, elle conserverait aux deux écoles de filles et de garçons, désormais séparées, le nom d'Ecoles Cochin.
Celle dont l'une des classes est représentée par notre gravure est située rue Saint-Hippolyte, entre les rues Mouffetard et de Lourcine; elle est fréquentée par quatre cents élèves; le programme de l'enseignement est celui de l'Hôtel de ville. A la mort du fondateur, son fils feu M. Augustin Cochin a étendu sa généreuse et intelligente protection sur l'oeuvre paternelle. Cette protection lui survit; elle est continuée par sa veuve et ses deux fils, qui, en fait de bonnes œuvres, semblent avoir pris pour devise: Nom de famille oblige.
Celle dont l'une des classes est représentée par notre gravure est située rue Saint-Hippolyte, entre les rues Mouffetard et de Lourcine; elle est fréquentée par quatre cents élèves; le programme de l'enseignement est celui de l'Hôtel de ville. A la mort du fondateur, son fils feu M. Augustin Cochin a étendu sa généreuse et intelligente protection sur l'oeuvre paternelle. Cette protection lui survit; elle est continuée par sa veuve et ses deux fils, qui, en fait de bonnes œuvres, semblent avoir pris pour devise: Nom de famille oblige.
(1) Nous commettrions une omission regrettable en ne faisant pas remarquer ici que le directeur de la première salle d'asile, choisi en 1827 par M. Cochin, la dirige encore aujourd'hui. Les quatre-vingt-deux ans de M. Kerguidec n'ont rien diminué de son zèle et de son énergie.
Le Magasin pittoresque, février 1875.
Le Magasin pittoresque, février 1875.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire