Un atelier au dix-huitième siècle.
Je ne sais, mais cette agréable peinture éveille en moi des sentiments bien divers. Je souris à ces mœurs légères et frivoles, au rêve de ce jeune homme devant une charmante image, aux chuchotements aimables du galant artiste et de ces deux gracieuses jeunes femmes. Oui, l'on aimerait assez à être transporté pour quelques heures dans ce séjour élégant et paisible.
- Mais qu'est-ce donc? écoutez: quel étrange murmure au dehors!
Ce sont des voix tumultueuses. La rumeur grandit, devient menaçante; elle éclate en orage. C'est une révolte, une tempête de la terre, plus terrible mille fois que celle des océans! La scène change: on se lève, les jeunes femmes pâlissent et tremblent; les jeunes gens se précipitent à la fenêtre. Que veulent ces troupes farouches armés de fusils, de piques, de bâtons?
- Ah! Messieurs, Mesdames, je le crains, vous vous êtes trop attardés.
Vous vous étonnez, beau gentilhomme rêveur, moelleux peintre de boudoir; vous vous indignez contre ces brutalités qui viennent troubler vos loisirs.
- Ah! vos loisirs ont trop duré; vous vous êtes trop attardés, vous dis-je! Madame, votre phaéton est en pièces; on rosse vos valets: l'une d'eux prend son parti, saisit une fourche, se mêle à la foule et crie avec elle.
- Que faire, où aller?
- Au Cours-le-Reine, comme vous en aviez le projet?
- Non, peut être, hélas! à Coblentz.
Le Magasin pittoresque, avril 1870.
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