Christine de Suède.
La pudeur n'était pas le faible, ou si l'on veut, n'était pas le fort de Christine (la reine de Suède). elle va voir Saumaise malade; elle le trouve qui cherchait à s'égayer par la lecture du Moyen de parvenir. Il en était à un des endroits les plus grossiers du livre; elle s'en saisit, le lit, et veut absolument que sa favorite, la belle Sparre, le lise tout haut, franchisse tous les mots.
Son maintien à la cour était celui du page le plus effronté. Etant un jour à la comédie, avec le reine Anne, mère de Louis XIV, elle s'y tint dans une posture si indécente, qu'elle avait les pieds plus haut que la tête, ce qui faisait entrevoir ce que doit cacher la femme la moins modeste. La reine mère dit à plusieurs dames qu'elle avait été tentée trois ou quatre fois de lui donner un soufflet, et qu'elle l'aurait fait, si ce n'eût pas été un lieu public.
Mademoiselle, qui ne l'aimait pas, parce que cette reine des Goths, dit-elle, n'avait pas jugé à propos de lui rendre la visite qu'elle lui avait faite, dit aussi qu'elle la trouva un jour à la comédie, habillée en homme, à l'exception de la jupe, un chapeau sur la tête, et les jambes en l'air, croisées l'une sur l'autre, assise dans un fauteuil au milieu de la salle du spectacle, dans le parterre, autant qu'il m'en souvient.
Dreux du radier, Récréations historiques.
Dictionnaire encyclopédique d'Anecdotes modernes, anciennes, Françaises et étrangères, Edmond Guérard, Firmin- Didot, 1876.
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