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vendredi 25 septembre 2015

Les ambulances urbaines.

Les ambulances urbaines.


L'oeuvre des ambulances urbaines qui a pour président M. Jules Simon, et pour vice-présidents MM. Mézières et Henri Monod, directeur de l'assistance publique, est spécialement destinée à porter secours, dans le plus bref délai possible, à toutes les victimes d'accidents ou de maladies subites survenus dans des endroits dépourvus de secours sur place.
L'initiative de sa création, son fonctionnement, sont dus à M. le docteur Nachtel, que le gouvernement vient de récompenser bien légitimement par la rosette d'officier de la Légion d'honneur. Son budget s'alimente en partie avec les subventions de la Ville et de l'Etat, en partie à l'aide de dons privés.
Aujourd'hui les ambulances urbaines sont connues et adoptées en quelque sorte par le Parisien, dont l'oreille s'est habituée au son de cette cloche qu'il entend tinter à coups précipités, et qui reconnait la voiture marron, aux croix de Genève peintes sur les vitres blanches, qu'il voit défiler comme une vision au grand trot du cheval.
Imaginée et construite par une intelligente et scientifique simplicité d'après les indications du docteur Nachtel, la voiture des ambulances urbaines réalise un ensemble parfait. 



Ses parois, d'abord, lisses et vernies permettent de la tenir propre au sens rigoureusement médical du mot; un brancard osier, glissant dans deux rainures, reçoit le blessé, qui s'y trouve couché sans effort, sans cahots, dans toutes les conditions voulues en un mot. Une planchette supporte tout ce qu'il faut pour faire un pansement quel qu'il soit, pansement qui peut être fait par l'interne et dans la voiture même pendant le chemin. Un petit strapontin, en effet, disposé au-dessus et à côté du brancard, sert de siège à l'interne qui accompagne ainsi et surveille le blessé depuis le point où il a été ramassé jusqu'à l'hôpital où il doit arriver.
Sur les indications de M. le directeur de l'Assistance publique, le premier service des ambulances urbaines a été installé à l'hôpital Saint-Louis. Voici comment il fonctionne:
Un pavillon a été construit dans l'hôpital où deux externes, MM. Ch. Fargeas de Lamothe et Jacques Grumberg, se tiennent jour et nuit; il contient de plus une remise où stationnent deux voitures d'ambulances; une écurie avec deux chevaux et deux cochers; un de ces chevaux est toujours attelé et prêt à partir au premier signal.
Enfin, un téléphoniste est en permanence auprès de l'appareil récepteur des appels d'alarme.
Un système téléphonique spécial relie les postes de police et un certain nombre de pharmaciens, dans le périmètre adopté, au poste de l'hôpital Saint-Louis. Ce périmètre est de 8 kilomètres, passant de l'Opéra par la rue Lafayette, le boulevard de la Villette, la rue de l'Allemagne, la rue de Belleville, la place Voltaire, la Bastille et la rue des Filles-du-Calvaire, jusqu'à la rue du Coq-Héron, intéressant bien entendu les grands boulevards, les Halles et les gares.
Trente poste de police avertisseurs sont disposés dans cette circonscription de distance en distance dans des maisons dont la carte ci-dessous donne les numéros.




Depuis leur installation, c'est à dire depuis le 2 juin 1888, jusqu'à ce jour, plus de 7.000 personnes ont été secourues, soignées, sauvées, grâce à la rapidité des secours.
D'après les calculs établis par M. le docteur Nachtel, lorsque cinq nouveaux postes centraux auront été créés dans deux hôpitaux de la rive gauche, toutes les victimes d'accidents sur n'importe quel point de Paris pourront être secourues dans un espace de temps variant de 3 à 5 minutes.
Ajoutons qu'une commission d'action et une commission générale sont à la tête de la direction de l'oeuvre et que les noms de Mmes la duchesse de Doudeauville, la baronne de Morenheim et la princesse de Léon, comme présidentes et vice-présidente, joints à ceux de Mme Constans, de Mme Ribot, de Mme Floquet, de Mme Lozé, de Mme Poubelle, pour n'en citer que quelques-uns, montrent assez que la politique n'a rien à voir dans une oeuvre humanitaire qui fait appel à tous les dévouements.











L'Illustration, 25 juillet 1891.

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