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lundi 22 août 2016

S. A. Sidi-Mohammed-el-Hadj.

S. A. Sidi-Mohammed-el-Hadj
            et le protectorat français.



Sidi-Mohammed-el-Hadj, bey de Tunis, qui se trouve actuellement à Paris, est le troisième souverain de Tunisie, régnant sous le protectorat de la France.



Il est le fils et le successeur de Sidi-Ali, mort au palais de la Marsa, le 22 juin 1902, après vingt années de règne. Sidi-Ali avait lui-même succédé à son frère, Mohammed-es-Sadok, sous le règne duquel la France dut intervenir dans les affaires de Tunisie et imposer à ce pays le protectorat qui fait aujourd'hui sa prospérité.
Rappelons brièvement de quelle manière nous fûmes amenés à prendre pied définitivement dans cette partie de l'Afrique.
Sur la frontière orientale de l'Algérie, vivaient il y a vingt-cinq ans, une quantité de tribus insoumises et belliqueuses qui, perpétuellement en guerre et en razzias les unes contre les autres, entretenaient dans ces contrées difficiles un foyer d'incursions, de brigandages et de meurtres.
La plupart du temps, c'étaient les tribus algériennes, plus civilisées et plus paisibles qui étaient les victimes des tribus tunisiennes et, malgré nos réclamations, le gouvernement du bey ne pouvait ou ne voulait rien faire pour rétablir l'ordre sur notre frontière commune.
Le 31 mars 1881, le général Osmont, commandant le 19e corps d'armée, télégraphia que la tribu tunisienne des Kroumirs avait envahi notre territoire et attaqué nos sujets algériens; il demandait l'autorisation de châtier les agresseurs. Des troupes françaises furent immédiatement envoyées à la frontière et un corps expéditionnaire de trois divisions (Logerot, Japy, Delebecque), en tout 24.000 hommes, entra en Tunisie sous les ordres du général Forgemol de Bostquénard.
Tandis que ses troupes délogeaient successivement les insurgés de leurs positions, le général Bréard, muni des pleins pouvoirs du gouvernement français, arrivait à Fondouk, près de Tunis, et, le 12 mai 1881, imposait à Mohammed-es-Sadok le traité de Kassar-Saïd qui organisait le protectorat de la France en Tunisie.
Mais le gouvernement français commit l'imprudence de retirer trop tôt les troupes de la régence. Tandis que le Nord était pacifié, une insurrection générale éclata dans le Sud tunisien. Il fallut bombarder Sfax et s'emparer de cette ville.
En septembre 1881, un nouveau corps expéditionnaire, commandé par le général Saussier, franchit la frontière. Trois colonnes, que dirigeaient les généraux Forgemol, Logerot et Etienne, se dirigèrent vers Kairouan, la ville sainte de Tunisie, que nos troupes occupèrent.
Bientôt la colonne Logerot pacifia la partie méridionale de la régence où, depuis cette époque, la tranquillité n'a pas été troublée.
En vertu des conventions et traités signés par la France et le bey de Tunis, la Tunisie a conservé ses coutumes, ses traditions, son organisation nationale dans la mesure compatible avec notre protectorat.
Théoriquement le pouvoir du bey est absolu; mais bien avant notre installation dans ce pays, ce pouvoir avait reçu des restrictions considérables, notamment par suite des capitulations ou traités passés avec des puissances chrétiennes. Notons en passant, que ces capitulations ont été abolies en 1885, et que, seule aujourd'hui, l'autorité de la France se dresse vis à vis des puissances étrangères en Tunisie.
Un résident général de France, actuellement M. Pichon, est l'intermédiaire obligatoire du bey avec les autres nations.




Il remplit pour la régence les fonctions du ministre des Affaires étrangères et veille, d'autre part, à tout ce qui concerne l'ordre et l'administration du pays. 
Un général de division, commandant la division dite d'occupation de la Tunisie et ayant des pouvoirs analogues à ceux des commandants de corps d'armée, remplit les fonctions de ministre de la Guerre. les autres hauts fonctionnaires sont de nationalité tunisienne et sont nommés par le bey.
La Tunisie est divisée en circonscriptions administratives appelées outan, gouvernés par des caïds lesquels ont sous leurs ordres des khalifats ou lieutenant. Les villages et fraction de tribus sont administrés par des cheikhs. Enfin, l'organisation indigène est surveillé par des fonctionnaires français nommés contrôleurs civils qui jouent un rôle analogue à celui des administrateurs des communes mixtes en Algérie.
C'est aujourd'hui le général Roux qui commande la division d'occupation de Tunisie, dont le quartier est à Tunis.




Les troupes de la division comprennent comme infanterie: le 4e régiment de zouaves, le 4e régiment de tirailleurs, les 3e, 4e et 5e bataillons d'infanterie légère d'Afrique et la 1re compagnie des fusiliers de discipline; ces troupes sont embrigadées et constituent, d'une part, la 1re brigade d'infanterie de Tunisie et le commandement militaire de Tunis; de l'autre, la 2e brigade d'infanterie de Tunisie et le commandement militaire de Sousse. Une brigade de cavalerie de Tunisie est formée par le 4e régiment de chasseurs d'Afrique et le 4e régiment de spahis; l'artillerie est représentée par le 3e bataillon à pied et par six batteries des 6e et 13e régiments et par un détachement d'ouvriers.




Deux compagnies du 26e bataillon constituent le génie de la division; enfin, le train des équipages compte trois compagnies du 16e escadron.
Il existe un conseil de guerre à Tunis.

                                                                                                                                 V.

Le petit Journal militaire, maritime, colonial, 17 juillet 1904.

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