L'Exposition universelle.
L'Exposition universelle est ouverte. Au bruit des salves d'artillerie, le président de la République a inauguré officiellement ce grand concours international et pacifique.
Nous ne décrirons pas la magnificence de la fête.
Paris pavoisé, les monuments publics, les jardins, les maisons illuminées, les feux d'artifice éclatant de toute part et la Tour de 300 mètres embrasée par un ruissellement de flammes et de feux de bengale. Nos lecteurs ont assisté à l'inauguration ou en ont lu les détails circonstanciés dans les journaux.
Dans quelques jours, quand toutes les installations particulières seront terminées, nous commencerons une promenade à travers les merveilles de l'Exposition, conduisant nos lecteurs partout, et nous arrêtant avec eux, sur tous les points qui nous paraîtront intéressants.
Pour aujourd'hui, nous voulons consacrer quelques lignes aux auteurs des trois plus grandes constructions du Champ de Mars, après la Tour Eiffel: le Palais des Machines, celui des Arts libéraux et celui des Beaux-Arts.
Le palais des Machines, qui dépasse par ses dimensions tout ce qui a été fait jusqu'alors, a été conçu par M. Dutert.
C'est lui qui a eu l'idée de couvrir l'espace qui lui était attribué, par une grande nef de 420 mètres de long et de 115 mètres de large, d'une seule portée, sans appui intermédiaire, épaulée de deux galeries latérales avec premier étage.
Comme on voit, la tentative de M. Dutert est singulièrement grandiose et son oeuvre n'est pas de celles qu'on puisse impunément faire disparaître après la fermeture de l'Exposition.
M. Formigé, architecte des promenades de Paris, est l'auteur du Palais des Arts.
Il n'y a pas longtemps encore que la simple idée d'une construction en fer donnait une sensation désagréable. Il semblait que tout ce qui était en fer dût forcément être froid, sec, laid. Eh bien! qu'on regarde les façades des palais construits par M. Formigé et on s'apercevra bientôt qu'il y avait là un préjugé. Il est vrai que pour le vaincre, il fallait une ingéniosité rare.
Par l'heureuse combinaison du fer tant décrié avec des terres cuites formant remplissage, M. Formigé a réussi à donner aux façades de ses palais jumeaux un aspect séduisant. Les variétés de coloration enlèvent à la construction métallique son apparente sécheresse, sans cependant altérer les grandes et élégantes ligne d'une architecture de bon style.
Les palais des Arts contemporains comprennent quatre parties distinctes; le palais des Beaux-Arts, parallèle à l'avenue de La Bourdonnais; le palais des Arts libéraux, parallèle à l'avenue de Suffren; la galerie Rapp et la galerie Desaix, qui relient les deux palais à celui des Expositions diverses.
Avec le dôme central et les galeries des Expositions diverses dont il surmonte l'entrée, nous voici en pleine fantaisie.
Ici, plus besoin de suivre strictement les règles d'une esthétique sévère; l'imagination féconde de M. l'architecte Bouvard a pu se donner libre cours, et la destination de ses constructions qui abritent tant d'objets, lui a permis de faire quelque chose de personnel, d'original, de parisien en un mot.
Les ornements en plomb, en zinc, en cuivre, qui revêtent l'armature de fer de la couverture, se détachent vigoureusement sur le fond sombre des ardoises métalliques qui garnissent la partie non vitrée de la coupole.
Et surmontant le tout, s'élance une colossale statue, personnification de la France distribuant des récompenses aux autres nations. Dis-sept sculpteurs et vingt-deux peintres décorateurs ont contribué à édifier ce dôme si original.
C'est sous ce vestibule grandiose, représenté par notre gravure qu'a eu lieu l'inauguration.
Après la cérémonie, M. le Président de la République a remis la croix d'officier de la Légion d'honneur aux trois architectes dont nous reproduisons les portraits.
Fernand-Hue*.
La Petite Revue, premier semestre 1889.
* Nota de célestin Mira: Fernand hue ( 1846-1895) est un écrivain spécialisé dans le roman d'aventure et la vulgarisation scientifique.
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