A travers l'Exposition.
Dans la promenade que nous allons entreprendre à travers l'Exposition, nous suivrons une marche méthodique; nous prendrons pour guide, non pas la classification des groupes d'exposants, mais la disposition des bâtiments, des galeries, des constructions.
Afin de permettre au lecteur de suivre nos pérégrinations dans le Champ de Mars et l'Esplanade des Invalides, nous avons fait graver un plan général, très complet et très détaillé, que nos abonnés et nos lecteurs trouveront dans le prochain numéro.
Dans ce premier article, je vais seulement indiquer notre itinéraire, jeter un coup d’œil sur les premières merveilles qui frapperont notre vue, et sans pénétrer encore dans le Champ de Mars, décrire l'Histoire de l'habitation. Nous entrons dans l'exposition par la passerelle couverte du pont d'Iéna. En face de nous se dresse la Tour Eiffel, et sous l'arche gigantesque, nous apercevons un immense jardin que termine le dôme central. Pour nous, ce jardin coupera le Champ de Mars en deux parties: les constructions qui l'entourent forment un fer à cheval que nous suivrons dans toute son étendue, en commençant par la droite.
Donc, après avoir admiré la Tour de 300 mètres terminée, les fontaines lumineuses, nous tournerons immédiatement à droite et nous visiterons: les pavillons des pays étrangers, le Palais des Arts libéraux, les galeries des expositions étrangères, faisant de temps à autre une sortie dans la rue qui s'étend en bordure de l'avenue de Suffren. Ensuite nous traverserons dans toute sa longueur le Palais des Machines, et nous redescendrons vers notre point de départ en visitant: les galeries des expositions diverses, le Palais des Beaux-Arts et les jardins situés à gauche de la Tour Eiffel.
De là, longeant les quais, nous verrons le panorama de la Compagnie Transatlantique, les galeries des produits agricoles, et nous gagnerons l'Esplanade des Invalides, que nous partagerons aussi dans sa longueur et pour laquelle nous procéderons comme au Champ de Mars.
Notre promenade terminée, nous consacrerons un article ou deux à ce que je nommerai les annexes de l'Exposition, c'est-à-dire au Trocadéro et aux diverses exhibitions qui s'élèvent dans les avenues de Suffren et de la Bourdonnais et qui sont, presque toutes, des reconstitutions des siècles passés.
De nombreuses illustrations permettront aux lecteurs de la Petite Revue, privés du plaisir de visiter l'Exposition, de se rendre compte des points que nous décrirons; quant à ceux, plus heureux, qui auront vu l'Exposition, ils les consulteront plus tard avec plaisir.
Histoire de l'Habitation.
C'est à M. Charles Garnier, l'architecte de l'Opéra, qu'est due cette oeuvre très intéressante. Il a voulu, par une série de constructions, donner un aperçu de l'histoire de l'habitation humaine, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours.
Ces reconstitutions s'étendent en bordure sur le quai, dans toute la longueur du Champ de Mars, de l'avenue de la Bourdonnais à celle de Suffren. A gauche, en sortant du pont d'Iéna et commençant à l'avenue de la Bourdonnais, les habitations sont placées dans un ordre scrupuleusement chronologique.
Voici d'abord les caves et les cavernes, abris improvisés sous une saillie ou dans une anfractuosité du roc; ces demeures constituaient pour nos ancêtres une protection bien précaire contre les pluies, les frimas et les intempéries des saisons. C'est l'habitation de l'homme primitif.
Ces huttes, formées de pieux et de branchages, représentent l'Epoque du Renne. L'Age de pierre est figuré par des constructions faites de gigantesques monolithes recouverts de troncs d'arbre et de branches entrelacées.
Un peu plus loin, sont les demeures lacustres de l'âge de bronze, élevées sur pilotis au dessus des eaux (gravure 1), et les huttes de boue de l'âge de fer. Quoique bien informes encore, ces demeures montrent un progrès, un pas en avant vers les établissements sédentaires.
La maison étrusque (gravure 2), comparée à un type plus primitif, la hutte des Pelasges, est une des plus curieuses constructions de ce groupe: son large toit débordant, supporté par une véranda de bois, s'élève jusqu'au centre où s'ouvre un grand trou destiné à laisser sortir la fumée.
Une ou deux fenêtres, très étroites, éclairent seuls l'intérieur.
Une ou deux fenêtres, très étroites, éclairent seuls l'intérieur.
Toutes les formes de l'habitation des peuples anciens sont représentées, depuis la haute et étroite maison indoue (gravure 3)
et l'ancienne demeure persane (gravure 4), avec sa coupole peinte de couleurs brillantes, jusqu'à l'élégante maison grecque, couverte de tuiles rouges, et son autel sculpté, placé au centre de la cour.
On voit aussi les demeures des deux principales races de la Palestine, les Phéniciens et les Hébreux, ainsi que les huttes grossières des habitants primitifs de l'Europe occidentale, les Germains et les Gaulois, et celles, plus grossières encore, des Huns.
De l'autre côté de la large voie qui conduit du pont d'Iéna à la Tour Eiffel, en allant vers l'avenue de Suffren, nous trouvons des types des différentes architectures, mais semées un peu au hasard, sans classement spécial. Le premier groupe, à droite, comprend trois styles: le Roman, le Moyen-Age et la Renaissance, qui ont beaucoup de rapport entre eux.
Un autre type curieux est celui d'une maison byzantine, construite entièrement en pierre de taille, avec une véranda très basse au premier étage, soutenue par des colonnes dont les chapiteaux sont habilement sculptés.
L'espace ne me permet pas de décrire une à une toutes ces habitations; ce serait, du reste, s'exposer à des redites. Je veux simplement constater que les types d'architecture de toutes les races les plus anciennes du monde, offrent ainsi tour à tour au visiteur le moyen de comparer les différentes modifications que le climat, les coutumes, les mœurs, ont produites dans l'habitation de tous les peuples du globe.
Il y a une distance énorme, entre l'abri du Peau-Rouge primitif de l'Amérique et la maison haute et massive, surchargées d'ornements, de la race civilisée et maintenant disparue, des Aztèques du Mexique et des Incas du Pérou.
La maison arabe, avec ses arcades décoratives, ses fenêtres en saillies, ses formes pittoresques, ses ornements gracieux, contraste singulièrement avec l'architecture soudanaise, basse, carrée, lourde, sans élégance.
La Norvège, la Russie, la Laponie, la Chine et le Japon ont leurs pavillons séparés, décorés dans le style de ces pays; ceux de la Chine et du Japon resplendissent de couleur brillantes et de dessins fantastiques.
Pendant la durée de l'Exposition, la plupart de ces habitations seront occupées par des hommes et des femmes, portant le costume de l'époque et du pays auquel appartient la construction; ils se livreront à différents travaux. Dans la maison romaine, par exemple, il y aura des souffleurs de verre qui feront toutes sortes d'objets d'après des dessins anciens.
Seules, les demeures des hommes primitifs, les huttes de boue, les cavernes, resteront inoccupées; on a pensé que les costumes dont il faudrait affubler les habitants seraient trop légers et les vêtiraient trop peu pour qu'ils puissent figurer dans une exposition.
Fernand-Hue.
La Petite revue, premier semestre 1889.
et l'ancienne demeure persane (gravure 4), avec sa coupole peinte de couleurs brillantes, jusqu'à l'élégante maison grecque, couverte de tuiles rouges, et son autel sculpté, placé au centre de la cour.
On voit aussi les demeures des deux principales races de la Palestine, les Phéniciens et les Hébreux, ainsi que les huttes grossières des habitants primitifs de l'Europe occidentale, les Germains et les Gaulois, et celles, plus grossières encore, des Huns.
De l'autre côté de la large voie qui conduit du pont d'Iéna à la Tour Eiffel, en allant vers l'avenue de Suffren, nous trouvons des types des différentes architectures, mais semées un peu au hasard, sans classement spécial. Le premier groupe, à droite, comprend trois styles: le Roman, le Moyen-Age et la Renaissance, qui ont beaucoup de rapport entre eux.
Un autre type curieux est celui d'une maison byzantine, construite entièrement en pierre de taille, avec une véranda très basse au premier étage, soutenue par des colonnes dont les chapiteaux sont habilement sculptés.
L'espace ne me permet pas de décrire une à une toutes ces habitations; ce serait, du reste, s'exposer à des redites. Je veux simplement constater que les types d'architecture de toutes les races les plus anciennes du monde, offrent ainsi tour à tour au visiteur le moyen de comparer les différentes modifications que le climat, les coutumes, les mœurs, ont produites dans l'habitation de tous les peuples du globe.
Il y a une distance énorme, entre l'abri du Peau-Rouge primitif de l'Amérique et la maison haute et massive, surchargées d'ornements, de la race civilisée et maintenant disparue, des Aztèques du Mexique et des Incas du Pérou.
La maison arabe, avec ses arcades décoratives, ses fenêtres en saillies, ses formes pittoresques, ses ornements gracieux, contraste singulièrement avec l'architecture soudanaise, basse, carrée, lourde, sans élégance.
La Norvège, la Russie, la Laponie, la Chine et le Japon ont leurs pavillons séparés, décorés dans le style de ces pays; ceux de la Chine et du Japon resplendissent de couleur brillantes et de dessins fantastiques.
Pendant la durée de l'Exposition, la plupart de ces habitations seront occupées par des hommes et des femmes, portant le costume de l'époque et du pays auquel appartient la construction; ils se livreront à différents travaux. Dans la maison romaine, par exemple, il y aura des souffleurs de verre qui feront toutes sortes d'objets d'après des dessins anciens.
Seules, les demeures des hommes primitifs, les huttes de boue, les cavernes, resteront inoccupées; on a pensé que les costumes dont il faudrait affubler les habitants seraient trop légers et les vêtiraient trop peu pour qu'ils puissent figurer dans une exposition.
Fernand-Hue.
La Petite revue, premier semestre 1889.
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