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jeudi 11 août 2016

Le rastaquouère à Paris.

Le rastaquouère à Paris.


Encore un américain, mais du midi. C'est le Marseillais du Nouveau Monde. Il est exubérant, voyant, clinquant, bruyant. Bien que la mot rastaquouère soit appliqué à Paris à tous les exotiques, le vrai, le seul rastaquouère est Brésilien, Chilien, Bolivien, Argentin et Vénézuélien. On trouve en lui de l'Indien, du Caraïbe, du Mohican, d'l'Espagnol, du Portugais. 




Sa figure a le ton du vieux bois, ses cheveux noirs sont luisants et parfumés, sa toilette est criarde et trop riche. Il est constellé de bijoux. Il porte tant de diamants, que ceux-ci finissent par n'avoir plus de valeur. Ils deviennent des bouchons à carafe.
Le rastaquouère les exhibe partout, à sa cravate, à sa chemise, à son bras, à tous ses doigts, à sa boutonnière, à son gilet. Du plus loin que vous apercevez le rastaquouère, sa présence vous est signalée par un éclat insupportable et des parfums idem. Diamant et musc. De plus près, il vous absorbe dans un flot de grimaces et un flux de paroles vertigineuses, prononcées avec une sonorité de casserole.
Le rastaquouère est généreux et fastueux. Il a une grosse gaieté et il aime le tapage. Le plaisir est son but, sa vie, son rêve. Il y laisse toute sa vigueur et toutes ses plumes. C'est, en définitive, un bon garçon que l'on exploite plus qu'il n'exploite les autres. Le rastaquouère, à force de faste et de magnificence, finit presque toujours dans la peau d'un décavé.





Physiologies parisiennes, Albert Millaud, 1887, à la Librairie illustrée, illustrations de Caran d'Ache, Frick et Job

Nota de Célestin Mira:


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