Château de Chaumont.
Le château de Chaumont, situé sur les bords de la Loire, a été construit sur les ruines d'un monument féodal dont la fondation est attribuée à Gueldin, chevalier danois, à qui le fief de Chaumont fut concédé par Eudes II, comte de Blois, pour les services qu'il lui avait rendus dans la guerre qu'il eut à soutenir contre Foulques, comte d'Anjou, et qui valut à Gueldin le surnom de Diable de Saumur, dont il était seigneur.
Gueldin eut un fils du nom de Geoffroy, dit La Fille, à cause de sa beauté, et qui se singularisa par l'habitude qu'il avait contracté de ne jamais se couvrir la tête; il vécut cent ans. Ce seigneur fonda la maison d'Amboise et de Chaumont, par le mariage de sa nièce avec l'héritier du vaillant Lysoys de Bazoches, surnommé l'honneur de la maison du Maine.
En 1153, Thibaut le Grand, comte de Blois, fit prisonnier le sire de Chaumont, et l'enferma à Château-Dun, où il trépassa. Ses fils livrèrent alors le manoir de Chaumont à Thibaut, qui le fit démolir, mais ils conservèrent le fief et ses dépendances. Le château fut reconstruit par les seigneurs d'Amboise; et c'est là que naquit le prélat connu dans l'histoire sous le nom de cardinal d'Amboise.
Louis XII, n'étant encore que duc d'Orléans, avait obtenu l'archevêché de Rouen pour le jeune d'Amboise, à peine âgé de quatorze ans; et l'on pourrait faire remonter à cette époque le commencement de son ministère, puisque le duc d'Orléans, alors gouverneur général de la Normandie, lui confia toute l'autorité, et que les heureuses réformes qu'il fit dans cette province annoncèrent celles qu'il devait opérer pour le bonheur du royaume.
Le duc d'Orléans étant parvenu à la royauté, le pouvoir que d'Amboise exerçait sur la Normandie s'étendit sur la France entière; il devint premier ministre, et conserva ce titre, ainsi que l'amitié du monarque, jusqu'à sa mort. On chercherait vainement dans l'histoire un second exemple d'une faveur aussi longtemps prolongée; mais il y avait tant de rapports entre le caractère du prince et celui du ministre, qu'il serait difficile de dire lequel des deux avait sur l'autre le plus d'influence.
Aimant tous deux sincèrement le peuple, l'ambition de Louis XII fut subordonnée à l'honneur, celle du cardinal d'Amboise, excitée par l'espérance de faire du bien. Toute l'administration du royaume reposa sur le cardinal d'Amboise; et il est remarquable que, malgré les grandes guerres d'Italie sous Louis XII, guerres dont le commencement fut toujours brillant et la fin désastreuse, la France ne cessa pas de jouir du repos; et que les impôts, diminués à l’avènement royal, ne furent jamais augmentés pendant le règne. C'est en cela que consiste vraiment la gloire du ministre. Il fit de grandes réformes dans la législation, pour abréger les procès et prévenir la corruption des juges; il mit de l'ordre dans les finances, et donna un grand exemple de modération en se contentant de l'évêché de Rouen, dont il employait la presque totalité du revenu au soulagement des pauvres et à l'entretien des églises. On peut croire qu'un homme qui ne se démentit pas un instant dans la plus haute fortune, ne souhaitait d'être pape que pour travailler à l'amélioration des mœurs de la chrétienté; mais dans ces jours d'intrigue, il fallait, pour parvenir au saint Siège, moins de bonhomie qu'en avait le cardinal. Il consentit à retirer les troupes françaises de Rome, pour ne pas paraître gêner les suffrages; et le cardinal Julien de la Rovère, qui lui donna ce conseil, se fit élire à sa place, sous le nom de Jules II.
Le cardinal d'Amboise avait été nommé légat du pape en France; et c'est une chose vraiment extraordinaire, que le même homme ait réuni les fonctions de premier ministre et de légat sans que la France et la cour de Rome aient jamais eu à lui faire le moindre reproche. Le cardinal d'Amboise fut chéri des Français, qui l'appelaient le père du peuple, titre qu'ils donnaient également à Louis XII.
Le lignage de la maison d'Amboise ne fut interrompu qu'à la mort de Georges d'Amboise, tué, en 1525, à la bataille de Pavie. A cette époque, le château de Chaumont passa dans la famille des La Rochefoucauld, par le mariage d'Antoinette d'Amboise avec le sire de Barbezieux. Ce fut après la mort de Charles de La Rochefoucauld que le château de Chaumont fut acquis par la reine Catherine de Médicis. La vieille chronique nous a conservé quelques unes des faiblesses de Catherine de Médicis.
C'est dans un petit oratoire, situé en haut d'une des tourelles du château de Chaumont, qu'elle mandait Ruggieri le magicien, pour le consulter sur la destinée future de sa race; et un jour Ruggieri lui fit un cercle magique; et tandis que mille têtes fantastiques paraissaient autour d'elle et se reflétaient dans des miroirs noircis, trois petites figures royales parurent sur une table préparée, et l'alchimiste annonça que c'étaient les trois fils de Catherine, tous trois couronnés d'un pesant diadème.
Le sieur Regnier, mathématicien, et qui passait pour astrologue, venait aussi chaque huitaine à Chaumont. Ledit Regnier était l'inventeur d'un certain talisman que Catherine portait toujours sur elle.
"On prétend, dit un écrivain contemporain, que la vertu de ce talisman était pour gouverner souverainement et connaître l'avenir, et qu'il était composé de sang humain, de sang de bouc et de plusieurs autres sortes de métaux fondus ensemble sous quelques constellations particulières qui avaient rapport à la nativité de cette princesse."
Nous avons déjà cherché à réhabiliter le nom de Catherine de Médicis; qu'importe ses faiblesses de femme, ses superstitions, ses talismans magiques! La superstition se mêle toujours aux grandes émotions de la vie; ceux qui voient un peu loin se laissent entraîner à cette terreur de l'immense nature, et, petit qu'on est en face de l'univers, on s'agenouille devant ses phénomènes.
Le château de Chaumont, construit sur une hauteur qui domine la ville de ce nom, a son entrée principale au midi, et donne sur une grande plaine. Les bâtiments, quoique peu réguliers, bâtis à diverses époques, n'en sont pas moins remarquables dans leurs détails; les plus anciens sont ceux qui dominent la Loire.
Au commencement du XVIIIe siècle, on voyait encore, dans le château de Chaumont des meubles parfaitement conservés, ayant appartenu à Catherine de Médicis.
Le Magasin universel, décembre 1836.
Le lignage de la maison d'Amboise ne fut interrompu qu'à la mort de Georges d'Amboise, tué, en 1525, à la bataille de Pavie. A cette époque, le château de Chaumont passa dans la famille des La Rochefoucauld, par le mariage d'Antoinette d'Amboise avec le sire de Barbezieux. Ce fut après la mort de Charles de La Rochefoucauld que le château de Chaumont fut acquis par la reine Catherine de Médicis. La vieille chronique nous a conservé quelques unes des faiblesses de Catherine de Médicis.
C'est dans un petit oratoire, situé en haut d'une des tourelles du château de Chaumont, qu'elle mandait Ruggieri le magicien, pour le consulter sur la destinée future de sa race; et un jour Ruggieri lui fit un cercle magique; et tandis que mille têtes fantastiques paraissaient autour d'elle et se reflétaient dans des miroirs noircis, trois petites figures royales parurent sur une table préparée, et l'alchimiste annonça que c'étaient les trois fils de Catherine, tous trois couronnés d'un pesant diadème.
Le sieur Regnier, mathématicien, et qui passait pour astrologue, venait aussi chaque huitaine à Chaumont. Ledit Regnier était l'inventeur d'un certain talisman que Catherine portait toujours sur elle.
"On prétend, dit un écrivain contemporain, que la vertu de ce talisman était pour gouverner souverainement et connaître l'avenir, et qu'il était composé de sang humain, de sang de bouc et de plusieurs autres sortes de métaux fondus ensemble sous quelques constellations particulières qui avaient rapport à la nativité de cette princesse."
Nous avons déjà cherché à réhabiliter le nom de Catherine de Médicis; qu'importe ses faiblesses de femme, ses superstitions, ses talismans magiques! La superstition se mêle toujours aux grandes émotions de la vie; ceux qui voient un peu loin se laissent entraîner à cette terreur de l'immense nature, et, petit qu'on est en face de l'univers, on s'agenouille devant ses phénomènes.
Le château de Chaumont, construit sur une hauteur qui domine la ville de ce nom, a son entrée principale au midi, et donne sur une grande plaine. Les bâtiments, quoique peu réguliers, bâtis à diverses époques, n'en sont pas moins remarquables dans leurs détails; les plus anciens sont ceux qui dominent la Loire.
Au commencement du XVIIIe siècle, on voyait encore, dans le château de Chaumont des meubles parfaitement conservés, ayant appartenu à Catherine de Médicis.
Le Magasin universel, décembre 1836.
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