Bonnets et chapeaux.
C'est encore à la quatrième exposition de l'Union centrale des beaux-arts appliqués à l'industrie, Musée historique du costume, que nous empruntons ces divers genres de coiffure.
Tous, soit quant à la forme, soit quant aux ornements, appartiennent au dix-septième et dix-huitième siècles. Les numéros 1 et 3, tirés des collections de MM. Baur et Kern, sont deux précieux spécimens du bonnet alsacien, modèle riche, que portaient au siècle dernier les opulentes bourgeoises du vieux pays de l'Ill. L'un de ces bonnets est en brocard d'argent brodé d'or, l'autre est orné d'un tour de dentelle d'or appliqué. Comme il est certain que le costume est peu sujet aux variations de la mode chez les races coutumières, on peut affirmer que la coupe du bonnet des femmes de l'Alsace s'est à peine modifiée depuis la dernière réunion de cette province à la France; mais, bien qu'il soit encore aujourd'hui à peu près taillé sur le patron de ceux dont nous offrons l'image, il en diffère par la couleur et le manque d'ornements, autant qu'un simple béguin d'étoffe et de dentelle noire diffère d'un tissu de soie et d'argent enrichi d'une broderie d'or, autant qu'un habit de gala diffère d'un vêtement de deuil.
On n'a nulle recherche à faire pour être fixé sur l'époque de la coiffure numéro 2; ce bonnet phrygien de toile blanche, orné de la cocarde tricolore, a figuré sur la tête d'un enfant. Il fait partie de la collection de M. Victorien Sardou.
Evidemment, c'est sur la tête d'une grande dame, peut-être d'une princesse souveraine de quelque cour d'Allemagne, que s'est posé le magnifique bonnet de dentelle brodée (n°4), dont le bavolet prolongé retombe depuis la naissance du cou jusque sur les bras comme les épaulières du heaume des anciens chevaliers; une agrafe d'or, dans laquelle passe une large et longue épingle du même métal, soutient par derrière, en le divisant, le bavolet drapé, comme les rideaux d'une fenêtre.
A la droite de ce bonnet, nous voyons (n°6) comment étaient coiffés les grenadiers autrichiens au temps de Marie-Thérèse. la carcasse du bonnet de grand uniforme était recouverte en drap bleu et avait pour ornement des trophées estampés en relief sur ses deux plaques de métal.
Le couvre-chef du soldat autrichien et le bonnet de police républicain inscrit sous le numéro 7 comptent de nombreuses rencontres durant des journées qui ont des noms célèbres dans l'histoire. On peut dire avec justice que ceux qui abritèrent l'une et l'autre de ces deux coiffures, soumis aux mêmes épreuves de la guerre, n'eurent rien à s'envier sous le rapport du courage: l'obéissance passive et l'ardent patriotisme font également des héros.
Dans notre précédent article, nous avons mentionné certain bonnet de nuit de la riche bourgeoisie du temps de Louis XIV, dont l'exemplaire original était dû à l'obligeante communication de M. le baron Schwiter. C'est au même exposant que nous devons celui qui porte le numéro 5 sur la présente gravure. De forme moins allongée que le premier, mais orné d'une plus riche broderie, ils sont tous deux de la même époque.
Il faut aussi faire remonter au temps de Louis XIV le bonnet vénitien (n°8), enrichi de fleurs en application d'étoffes brodées d'argent sur fond bleu.
Ce bonnet de cérémonie est une copie dont l'original dû figurer dans quelque solennité nationale; par exemple, au mariage du duc de Venise avec l'Adriatique, cette veuve de tous les doges qui se sont succédé depuis Sébastien Ziani (1172).
Le Magasin pittoresque, mai 1876.
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