Insufflons l'énergie à nos fils.
Je vous en prie, vous tous parents inquiets qui regardez l'avenir avec terreur, ne vous plaignez pas aussi amèrement de vos fils.
Ils se refusent à travailler, dites-vous, ils se montrent dédaigneux de toutes les situations qui leur sont offertes, ils soupirent à l'idée d'embrasser une carrière quelconque, en un mot ils se dérobent à l'effort.
Au lieu de les rendre entièrement responsables de cette veulerie, considérez donc les préjugés ambiants, les influences ataviques, les vanités voisines qui ont formé leur mentalité.
Qui donc a loué sincèrement devant eux la noblesse du travail?
Ont-ils jamais entendu dire que le travailleur vaut mieux que le riche oisif?
- Aux yeux du plus grand nombre de nos concitoyens contraints de vendre leur vie, pour avoir de quoi vivre, le travail passe pour un fardeau insupportable, dit le vicomte d'Avenel dans son étude sur les Etats-Unis; la majorité de ces condamnés au travail forcé souhaitent leur libération et pensent que l'idéal est de vivre sans rien faire, comme les lis des champs ou les rentiers... Le travail, dans l'opinion du vieux monde, n'est pas seulement chose pénible, c'est aussi chose humble et en tout cas inférieure à son contraire: le libre loisir.
C'est le vestige d'idées de l'Antiquité conservées par le moyen âge... Cent ans après 1789, il subsiste encore des dérogeances.
Certes le temps n'est plus où "vivre noblement" et plus tard "vivre bourgeoisement" signifiait vivre sans rien faire; mais il demeure, en France, selon les milieux, une foule de métiers qui peuvent ne pas être "sots", mais qui ravalent plus que d'autres; tandis qu'un seul état semble avilissant dans cette Amérique où l'argent est si estimé: c'est celui de l'homme qui vit, sans profession, du fruit de son argent.
Nous ne pouvons que reconnaître la triste fidélité de ce tableau et convenir que nous ne trouvons aucun milieu où l'on donne le pas à l'effort sur la richesse paresseuse.
Nos fils ont respiré ces préjugés avec l'air; ils avaient déjà, avant de savoir le formuler, un dédain marqué pour certains métiers, pour certains négoces; ils regardaient avec des yeux railleurs le costume des ouvriers.
Et pourquoi donc si ce n'est parce que ces jugements étroits flottaient autour d'eux?
Je sais bien que les parents sont impuissants à modifier la société française, afin d'en faire une école d'énergie pour leurs fils; ils ne peuvent pas transformer la mentalité de leurs concitoyens de manière à faire de leurs actes et de leurs paroles des modèles de volonté pour écoliers. Mais alors, qu'ils restreignent le cercle de leurs relations, qu'ils procèdent à une sélection parmi les personnes qu'ils mettent en contact avec leurs enfants et surtout qu'ils veillent sévèrement aux enseignements quotidiens de la vie au foyer.
Il est donc indispensable que nous présentions à nos fils l'obligation du travail comme noble, comme la garantie de notre valeur morale, comme la plus intense des satisfactions, comme le seul exercice rationnel de toutes nos activités.
Mais pour qu'ils soient vraiment convaincus, il ne suffirait pas que nous développions ces principe en un discours, il faut que notre vie entière en soit la perpétuelle application.
Mme Elise.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 22 mars 1908.
C'est le vestige d'idées de l'Antiquité conservées par le moyen âge... Cent ans après 1789, il subsiste encore des dérogeances.
Certes le temps n'est plus où "vivre noblement" et plus tard "vivre bourgeoisement" signifiait vivre sans rien faire; mais il demeure, en France, selon les milieux, une foule de métiers qui peuvent ne pas être "sots", mais qui ravalent plus que d'autres; tandis qu'un seul état semble avilissant dans cette Amérique où l'argent est si estimé: c'est celui de l'homme qui vit, sans profession, du fruit de son argent.
Nous ne pouvons que reconnaître la triste fidélité de ce tableau et convenir que nous ne trouvons aucun milieu où l'on donne le pas à l'effort sur la richesse paresseuse.
Nos fils ont respiré ces préjugés avec l'air; ils avaient déjà, avant de savoir le formuler, un dédain marqué pour certains métiers, pour certains négoces; ils regardaient avec des yeux railleurs le costume des ouvriers.
Et pourquoi donc si ce n'est parce que ces jugements étroits flottaient autour d'eux?
Je sais bien que les parents sont impuissants à modifier la société française, afin d'en faire une école d'énergie pour leurs fils; ils ne peuvent pas transformer la mentalité de leurs concitoyens de manière à faire de leurs actes et de leurs paroles des modèles de volonté pour écoliers. Mais alors, qu'ils restreignent le cercle de leurs relations, qu'ils procèdent à une sélection parmi les personnes qu'ils mettent en contact avec leurs enfants et surtout qu'ils veillent sévèrement aux enseignements quotidiens de la vie au foyer.
Il est donc indispensable que nous présentions à nos fils l'obligation du travail comme noble, comme la garantie de notre valeur morale, comme la plus intense des satisfactions, comme le seul exercice rationnel de toutes nos activités.
Mais pour qu'ils soient vraiment convaincus, il ne suffirait pas que nous développions ces principe en un discours, il faut que notre vie entière en soit la perpétuelle application.
Mme Elise.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 22 mars 1908.
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